Journal of Clinical Oncology

Fusion NRG1 et cancer broncho-pulmonaire : une étude internationale

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2021

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Les fusions NRG1 ont été ajoutées récemment à la liste des drivers oncogéniques dont l’incidence serait de l’ordre de seulement 0,2%, ce qui explique que peu de séries aient été rapportées jusqu’ici. Le but de l’étude internationale dont les résultats sont présentés ici est de préciser les caractéristiques cliniques et évolutives de ces tumeurs. 

Les patients dont les données étaient recueillies de juin 2018 à février 2020 devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules avec un gène de fusion NRG1 testé dans un laboratoire accrédité.

Ce sont en tout les données de 110 patients provenant de 22 centres dans 9 pays européens, asiatiques et américains qui ont été recueillies. L’âge médian de ces patients était de 64 ans. Un peu plus de la moitié étaient asiatiques. La plupart (57%) étaient non-fumeurs.  Le tabagisme médian des 11 patients fumeurs et des 25 anciens fumeurs était de 37 paquets- années. Il y avait une majorité de stades précoces : 26 patients de stade I, 19 patients de stade II, 13 patients de stade III et 24 patients de stade IV. Presque tous (94%) avaient un adénocarcinome. La détection était faite plus souvent par la PCR de l’ARN (81/110) que par NGS ou FISH sur l’ADN. 

Les durées médianes de survie étaient en mois :

  • Non atteintes pour les stades I (95% CI  51,5-Non définie).
  • De 52,9 mois pour les stades II (95% CI  38,8-Non définie).
  • De 78,3 mois pour les stades III (95% CI  11-Non définie).
  • Et de 15,5 mois pour les stades IV (95% CI  10,3-64,5).

Pour 46 de ces patients on disposait du statut PD-L1 : 2 (4%) patients seulement exprimaient fortement PD-L1 et la majorité des patients avaient une expression nulle (n=33, 72%) ou entre 1 et 49% (11, 24%). Quant à la charge mutationnelle, elle était plutôt plus basse que dans les autres tumeurs. 

En ce qui concerne l’activité des différents traitements reçus, elle est la suivante :

  • Parmi les 15 malades traités par un doublet à base de platine :
    • Le taux de réponse partielle était de 13 %
    • Le taux de stabilisation était de  47 %
    • Et la survie sans progression médiane était de 5,8 mois
  • Parmi les 7 malades traités par une chimiothérapie comportant un taxane :
    • Le taux de réponse partielle était de 14 %
    • Le taux de stabilisation était de 14 %
    • Et la survie sans progression médiane était de 4 mois.
  • Parmi les 9 malades traités par immunochimiothérapie :
    • Le taux de réponse partielle était de  0 %
    • Le taux de stabilisation était de 44 %
    • Et la survie sans progression médiane était de 3,3 mois
  • Parmi les 5 malades traités par immunothérapie seule :
    • Le taux de réponse partielle était de 20 %
    • Le taux de stabilisation était de 20 %
    • Et la survie sans progression médiane était de 3,6 mois
  • Parmi les 20 malades traités par afatinib :
    • Le taux de réponse partielle était de 25 %
    • Le taux de stabilisation était de 15 %
    • Et la survie sans progression médiane était de 2,8 mois. 

Ce registre, qui représente la plus vaste série publiée de patients atteints de cancer broncho-pulmonaire et présentant un gène de fusion NRG1, confirme les données déjà rapportées dans quelques rapports de cas. Il semble bien que cette anomalie soit préférentiellement détectée par le séquençage de l’ARN. Il semble bien aussi que ces tumeurs aient une faible charge mutationnelle et une faible expression de PD-L1  ce qui explique qu’elles soient peu sensibles à l’immunothérapie. Il semble aussi que l’afatinib dont on avait pensé qu’il pouvait avoir une activité importante sur ces tumeurs soit, avec un taux de réponse à 25% et une survie sans progression à 2,8 mois, peu actif sur ces tumeurs. 

Reference


Clinicopathologic Features and Response to Therapy of NRG1 Fusion-Driven Lung Cancers: The eNRGy1 Global Multicenter Registry.

Drilon A, Duruisseaux M, Han JY, Ito M, Falcon C, Yang SR, Murciano-Goroff YR, Chen H, Okada M, Molina MA, Wislez M, Brun P, Dupont C, Branden E, Rossi G, Schrock A, Ali S, Gounant V, Magne F, Blum TG, Schram AM, Monnet I, Shih JY, Sabari J, Pérol M, Zhu VW, Nagasaka M, Doebele R, Camidge DR, Arcila M, Ou SI, Moro-Sibilot D, Rosell R, Muscarella LA, Liu SV, Cadranel J.

J Clin Oncol. 2021 Jun 2. Online ahead of print

36 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer