Annals of Oncology

Icotinib ou chimiothérapie chez les mutés EGFR en première ligne : une étude de phase III

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2017

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV, EGFR, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Nous avions commenté sur ce site il y a 4 ans une étude de phase III comparant au gefitinib en deuxième ligne l’icotinib, un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR de première génération qui a principalement été développé en Chine (cliquer ici).  Cette étude montrait que l’icotinib n’était pas inférieur au gefitinib. Voici maintenant les résultats d’une nouvelle étude de phase III menée avec ce médicament cette fois en première ligne.

Cette étude a été conduite en 2013 et 2014 dans 18 sites chinois.

Pour être éligibles les patients devaient avoir un adénocarcinome de stade IIIB ou IV et présenter une mutation activatrice de l'EGFR (délétion de l’exon 19 ou mutation L858R de l’exon 21). Ils ne devaient pas avoir reçu de traitement à visée carcinologique, avoir une tumeur mesurable, et un PS de 0 à 2.

Ils étaient randomisés entre :

  • Icotinib, 125 mg per os, 3 fois par jour et
  • Cisplatine 75 mg/m2 et Pemetrexed 500 mg/m2 au J1, toutes les 3 semaines, suivis de pemetrexed en maintenance en cas de contrôle de la maladie.

L'objectif principal était la survie sans progression.

Résultats

À partir de 669 patients screenés, 296 patients, présentant une mutation activatrice de l'EGFR, ont été éligibles.

Avec pour la survie sans progression  un suivi médian de 18 et 15,7 mois respectivement dans le bras icotinib et le bras chimiothérapie,  et pour la survie globale de 39,6 mois, les principaux résultats d’efficacité et de toxicité ont été les suivants :

 

Icotinib (mois)

Chimiothérapie (mois)

HR (95% CI)

p

PFS de l’ensemble des malades (relecture centralisée)

11,2

7,9

0,61 (0,43-0,87)

0,006

PFS de l’ensemble des malades (investigateurs)

9,9

7,3

0,65 (0,48-0,88)

0,005

PFS exon 19 (relecture centralisée)

11,2

8

0,66 (0,38-1,14)

0,13

PFS exon 21 (relecture centralisée)

11,1

7,8

0,76 (0,43-1,33)

0,33

Survie globale

30,5

32,1

 

0,88

Neutropénies : tous grades/grade 3-4 (%)

6,1/0

42,3/10,9

 

<0,001

Rash : tous grades/grade 3-4 (%)

15,5/14,9

1,5/1,5

 

<0,001

Rash : tous grades/grade 3-4 (%)

9,5/7,4

4,4/4,4

 

0,10

Comme pour les autres inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR comparés à la chimiothérapie en première ligne, cette étude prouve la supériorité de la survie sans progression obtenue en première ligne sous inhibiteur de la tyrosine kinase. L’absence de supériorité s’explique, comme pour les autres inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR, par le fait que plus de 80% des patients du groupe chimiothérapie en progression ont reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase en deuxième ligne. Le profil de toxicité est différent mais globalement à la faveur de l’icotinib.

Il est difficile d’affirmer en revanche, à partir des résultats de cette étude, que l’efficacité et la toxicité de cet inhibiteur de la tyrosine kinase de première génération sont identiques à celles du gefitinib et de l’erlotinib puisque les essais cliniques n’ont pas été effectués avec les mêmes populations. 

Reference

First-line icotinib versus cisplatin/pemetrexed plus pemetrexed maintenance therapy for patients with advanced EGFR mutation-positive lung adenocarcinoma (CONVINCE): a phase 3, open-label, randomized study.

Shi YK, Wang L, Han BH, Li W, Yu P, Liu YP, Ding CM, Song X, Ma ZY, Ren XL, Feng JF, Zhang HL, Chen GY, Han XH, Wu N, Yao C, Song Y, Zhang SC, Song W, Liu XQ, Zhao SJ, Lin YC, Ye XQ, Li K, Shu YQ, Ding LM, Tan FL, Sun Y.

Ann Oncol 2017; 28 : 2443-2450

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