European Journal of Cancer

Immunothérapie chez les patients âgés

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2018

Immunothérapie, Cancers du sujet âgé

En immunothérapie comme en chimiothérapie les sujets âgés sont souvent sous représentés dans les essais cliniques. Il en résulte qu’on manque de données sur l’efficacité et la tolérance de l’immunothérapie alors qu’un certain nombre de données  théoriques peuvent faire penser que celles-ci ne sont pas forcément les mêmes que chez les patients jeunes. 

Le but de cette étude rétrospective menée à Gustave Roussy est de comparer  l’efficacité et la tolérance de l’immunothérapie reçue dans le cadre d’essais de phase I par des patients traités par immunothérapie de 2012 à 2016 selon qu’ils étaient jeunes <70 ans ou âgés. Les patients étaient appariés en fonction de l’essai et des doses de traitement. 

Au total, 220 patients ont été inclus dont 46 (20%) étaient âgés. 

L’âge médian de ces patients était de 75 ans pour le groupe des patients âgés et 55 pour celui des jeunes. Ils avaient un PS à 0 (36%) ou 1 (62%). Ils recevaient souvent plusieurs traitements (57% des sujets âgés recevaient plus de 5 médicaments). Ils étaient traités pour divers cancers dont 19% de cancers bronchiques non à petites cellules. 

L’incidence cumulée des effets adverses immunologiques de grades 1 et 2 était significativement supérieure chez les sujets âgés. Davantage d’effets adverses immunologiques de grade 3 et 4 ont été observés (22 vs 13%) mais cette différence n’était pas significative. 

Il n’y avait pas de différence significative entre les taux de réponse des malades âgés et ceux des malades plus jeunes (14% vs 18,5%). Il en était de même de la survie sans progression médiane (5,3 vs 3,1 mois) et la survie globale (7,1 vs 9,8 mois). 

L’interprétation des résultats de cette étude doit tenir compte du fait qu’elle est rétrospective et monocentrique et qu’elle ne concerne qu’un petit nombre de patients âgés. Avec ces restrictions, on peut retenir que cette étude montre que la tolérance et l’efficacité de l’immunothérapie après 70 ans ne sont pas très différentes de celles de malades plus jeunes. Toutefois, cette conclusion se heurte à là un obstacle majeur bien connu pour les essais de chimiothérapie : les patients âgés inclus dans les études incluant les patients sans limite d’âge ne sont pas représentatifs des patients âgés en général. Ceci est encore plus vrai ici car  les patients de plus de 70 ans pris en charge dans une étude de phase I après plusieurs lignes de traitement ne sont très certainement pas représentatifs de l’ensemble des patients âgés.  Ainsi pour l’immunothérapie comme pour la chimiothérapie on a plus que jamais  besoin d’études randomisées prospectives incluant exclusivement des malades âgés (cliquer ici) . Souhaitons que l’IFCT puisse répondre à cette question dans un nouvel essai prospectif propre aux patients âgés 

 

 

Reference

Immunotherapy phase I trials in patients Older than 70 years with advanced solid tumours.

Herin H, Aspeslagh S, Castanon E, Dyevre V, Marabelle A, Varga A, Postel Vinay S, Michot JM, Ribrag V, Gazzah A, Bahleda R, Mir O, Massard C, Hollebecque A, Soria JC, Baldini C.

Eur J Cancer2018; 95 : 68-74

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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