European Journal of Cancer

L’âge influence-t-il la fréquence des effets adverses immunologiques induits par l’immunothérapie ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2020

Immunothérapie, Cancers du sujet âgé, Effets secondaires des médicaments

L’immunothérapie est une option particulièrement attractive chez les patients âgés mais l’immunosénescence et la fréquence des maladies auto-immunes chez les malades âgés peuvent faire craindre que l’activité de ces traitements soit plus faible et leur toxicité plus élevée. Or peu de données sont disponibles concernant notamment la toxicité. Le but de cette étude est d’évaluer prospectivement la fréquence des toxicités immunologiques chez les malades de 70 ans et plus. 

Ce travail a été réalisé  à partir du registre REISAMIC (registre des effets indésirables sévères des anticorps monoclonaux immunomodulateurs) qui est un registre de pharmacovigilence qui collecte prospectivement les données cliniques et biologiques des patients traités à Gustave Roussy par immunothérapie.  Ce travail est basé sur les données collectées de façon prospective  des patients traités par anti PD-1 ou PD-L1 en monothérapie  pour une tumeur solide entre juin 2014 et octobre 2017. 

Pendant cette période, 603 patients ont été inclus dans ce registre dont 191 (32%) avaient un âge ≥70 ans. Les médianes d’âge des 191 patients âgés et des 412 patients jeunes étaient respectivement de 77 et 59 ans. Parmi ces patients, 333 étaient traités pour un mélanome et 229 pour un cancer bronchique non à petites cellules. 

En tout, 165 effets adverses immunologiques de grade ≥2 ont été inclus dans cette analyse (103 de grade 2 et 58 de grade 3 ou 4). L’incidence de ces effets était significativement plus élevée chez les patients âgés : 33% vs 25%, p=0,035, avec une tendance non significative à une supériorité de toxicités de grade 2 (p=0,08) sans différence pour les toxicités de grade 3 ou 4. Les toxicités cutanées était significativement plus fréquentes chez les sujets âgés alors que les toxicités endocriniennes étaient significativement plus fréquentes chez les sujets jeunes.  Les arrêts de traitement et les arrêts de traitement pour toxicité étaient un peu plus nombreux chez les sujets âgés mais pas de façon significative et ces toxicités apparaissaient après le même délai de 8 semaine qu’il s’agisse de sujets jeunes ou âgés. Enfin le pourcentage de patients traités par corticoïdes ne différait pas significativement.  

Il n’y avait pas de différence significative entre les sujets âgés et les sujets jeunes  atteints de cancer bronchique non à petites cellules, ni en ce qui concerne la  survie sans progression (5,4 mois vs 4,7 mois), ni la survie globale (8,1 mois vs 7,1 mois). 

Le message essentiel de ce travail est que les effets adverses immunologiques de grade ≥2 sont plus fréquents chez les sujets âgés. Il faut donc être particulièrement attentif chez ces malades. Cette augmentation de fréquence reste inexpliquée. 

 

 

 

 

Reference

Impact of aging on immune-related adverse events generated by anti-programmed death (ligand)PD-(L)1 therapies.

Baldini C, Martin Romano P, Voisin AL, Danlos FX, Champiat S, Laghouati S, Kfoury M, Vincent H, Postel-Vinay S, Varga A, Vuagnat P, Ribrag V, Mezquita L, Besse B, Hollebecque A, Lambotte O, Michot JM, Soria JC, Massard C, Marabelle A.

Eur J Cancer  2020; 129 : 71-79. 

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer