European Journal of Cancer

Immunothérapie des stades III traités par radiochimiothérapie : est-il possible de réduire la durée du traitement ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2022

Immunothérapie, Traitement des stades III

Nous avons commenté à plusieurs reprises depuis 2017 les résultats positifs de l’étude de phase III PACIFIC comparant, chez des patients traités par radiochimiothérapie et n’ayant pas progressé après ce traitement le durvalumab à un placebo (cliquer ici). Ensuite des résultats importants ont été publiés pour la survie sans progression et pour la survie globale à 3 ans et 4 ans (cliquer ici) jusqu’à ce qu’il soit démontré que plus de 40% des malades recevant du durvalumab sont vivants à 5 ans (cliquer ici). Dans cette étude, le durvalumab était administré pendant 12 mois, mais cette durée de traitement peut-elle être raccourcie ? C’est la question que posent les auteurs de ce travail à propos d’une cohorte rétrospective multicentrique de la United States Veterans Affairs System.

Pour être inclus dans cette étude, les patients devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules de stade III traité par radiochimiothérapie et ayant reçu au moins une dose de durvalumab entre novembre 2017 et avril 2021. L'objectif principal était de définir la survie sans progression et la survie globale des malades qui arrêtaient précocement le durvalumab pour une raison autre que la progression ou le décès. Des analyses multivariées selon un modèle de Cox étaient réalisées qui étaient ajustées sur l’âge, le sexe, l’origine ethnique, le tabagisme, les comorbidités, le stade, la chimiothérapie et l’histologie. 

Au total 1006 patients (âge médian 69 ans) ayant ces critères d’inclusion ont été inclus. Ils étaient presque tous fumeurs (43%) ou anciens fumeurs (40%). Avec une durée médiane de suivi de 19,9 mois,  les survie sans progression médiane et à 2 ans étaient respectivement de  17,1  mois 42,7% et les survies globales médiane et à 2 ans était respectivement de et 34,3 mois et 61,9%. 

La durée médiane du traitement par durvalumab était de 215 jours, 33% des malades ont arrêté le traitement pour une autre raison que la progression (évènements secondaires immunologiques ou non immunologiques), 31% ont reçu la totalité du traitement et 5% n’ont reçu qu’une dose de traitement. Une analyse multivariée montre que seul l’âge était associé au risque d’arrêt prématuré de traitement. 

La survie sans progression ne différait significativement selon que le traitement était administré pendant 6, 9 ou 12 mois, mais les pourcentages de survie étaient en revanche numériquement inférieurs chez les malades qui n’avaient été traités que 6 ou 9 mois comme le montre le tableau ci-dessous. Ce tableau montre les pourcentages de survie à 1 et 2 ans étaient également inférieurs mais que cette différence n’était significative que pour les malades qui avaient été traités seulement 6 mois :  

Durée du traitement 

12 mois

9 mois

6 mois

PFS à 1 an (%)

61,8

54,5

44

PFS à 2 ans (%)

35,7

30,9

22,8

HR PFS 9 vs 12 mois (95%CI)

1,06 (0,86-1,25)

HR PFS 6 vs 12 mois (95%CI)

1,20 (0,97-1,43)

Survie à 1 an (%)

78 ,9

72,9

50,9

Survie à 2 ans  (%)

50 ,3

45,1

36,4

HR de décès 9 vs 12 mois (95%CI)

1,15 (0,96-1,40)

HR de décès 6 vs 12 mois (95%CI)

1,53 (1,25-1,85)

Cette étude rétrospective qui porte pourtant sur plus de 1000 malades ne montre que des tendances qui, à l’exception de la survie globale des malades traités 6 mois qui est significativement inférieure, ne sont que des tendances. Il n’est donc possible mais  pas certain qu’on puisse traiter ces malades moins d’un an et tant qu’une étude prospective randomisée ne l’aura pas démontré cette durée de traitement doit rester le standard. 

Il est clair en tout cas que cette problématique reste d’actualité. Cette étude justifie pleinement la poursuite d’une recherche clinique active sur la désescalade de la durée de l’immunothérapie, telle que l’étude DIAL que mène l’IFCT dans les stades IV. 

 

Reference

De-escalating adjuvant durvalumab treatment duration in stage III non-small cell lung cancer.

Bryant AK, Sankar K, Zhao L, Strohbehn GW, Elliott D, Moghanaki D, Kelley MJ, Ramnath N, Green MD.

Eur J Cancer 2022; 171 : 55-63

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer