Journal of Clinical Oncology

Impact de la radiothérapie conformationnelle par modulation d'intensité (IMRT) dans l’essai RTOG 0617

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2017

Radiothérapie / Radiofréquence, Traitement des stades III

En février 2015, nous avons commenté sur ce site les résultats de l’étude RTOG 0617, un essai clinique randomisé de phase III  dont l’objectif était  de savoir si, en association à une chimiothérapie par carboplatine et paclitaxel hebdomadaire, une dose totale de 74 Gy était ou non plus efficace qu’une dose de 60 Gy et si l’adjonction de cetuximab entraîne ou non un bénéfice de survie. Cet essai était négatif puisque la survie était significativement supérieure chez les patients qui avaient reçu les doses de radiothérapie les plus basses et l’adjonction de cetuximab n’avait pas modifié les résultats (cliquer ici). Plus récemment une étude de registre, réalisée à partir de la National Cancer Database, semblait montrer que la vérité se situait probablement  entre ces deux doses,  la dose idéale se situant au dessus de 60 et au dessous de 70, entre 66 et 70 si on croit cette étude (cliquer ici).

Dans l’étude RTOG 0617, l’un des facteurs de stratification concernait les modalités d’administration de la radiothérapie qui pouvaient être :

  • soit une radiothérapie conformationnelle en trois dimensions (3D-CRT)
  • soit une radiothérapie conformationnelle par modulation d'intensité (IMRT) qui est une technique de radiothérapie plus moderne consistant d’abord à délimiter avec précision la tumeur au sein des tissus sains voisins puis à moduler le faisceau de radiation selon différentes intensités par l'intermédiaire d'un collimateur multilame contrôlé par ordinateur. Ainsi peut-on cibler la tumeur avec la meilleure dose possible et n’ exposer les tissus sains  qu'à des doses minimes de radiation.

Différentes études rétrospectives ont apporté des arguments pour penser que cette technique donnait de meilleurs résultats ce qui justifie cette deuxième analyse portant sur ce facteur de stratification de l’étude RTOG 0617.

Dans cette étude, compte tenu de la stratification il y avait dans les 2 bras le même nombre de patients traités par 3D-CRT et IMRT de sorte que les caractéristiques des patients des deux groupes étaient réparties de façon identique à l’exception du nombre de stades IIIB-N3 et de l’usage de la TEP-FDG, un peu plus élevés dans le groupe IMRT, et du niveau scolaire plus élevé dans le groupe 3D-CRT.

Les volumes à traiter (PTV) étaient significativement  supérieurs dans le groupe IMRT (p=0,005).

Avec un suivi médian de 31,3 mois, on voit dans le tableau ci dessous  que les taux à  2 ans de survie globale, de survie sans progression  et de contrôle local et à distance ne différaient pas significativement. En revanche, il y avait dans le groupe IMRT significativement moins de pneumopathies de grade ≥3  et de toxicité cardiaque (sans atteindre la significativité pour cette dernière).

 Efficacité à 2 ans (%)

3D-CRT

IMRT

p

Survie globale

49,4

53,2

0,5

Survie sans progression 

27

25,2

0,5

Récidive locale

37,1

30,8

0,4

Métastases

49,6

45,9

0,6

 Toxicité de grade ≥3 à 2 ans (%)

3D-CRT

IMRT

p

Pneumopathie

7,9

3,5

0,03

Oesophagite/dysphagie

14,4

13,2

0,5

Amaigrissement

2,8

3 ,9

0,4

Effets cardio-vasculaires

8,3

4,8

0,13

En conclusion, dans cette étude prospective randomisée, les patients qui ont reçu une radiothérapie conformationnelle par modulation d'intensité ou (IMRT) avaient significativement moins de pneumopathies de grade ≥3 bien qu’ils aient des tumeurs de taille significativement différente.

 

 

Reference

Impact of Intensity-Modulated Radiation Therapy Technique for Locally Advanced Non-Small-Cell Lung Cancer: A Secondary Analysis of the NRG Oncology RTOG 0617 Randomized Clinical Trial.

Chun SG, Hu C, Choy H, Komaki RU, Timmerman RD, Schild SE, Bogart JA, Dobelbower MC, Bosch W, Galvin JM, Kavadi VS, Narayan S, Iyengar P, Robinson CG, Wynn RB, Raben A, Augspurger ME, MacRae RM, Paulus R, Bradley JD.

J Clin Oncol 2017; 35 : 56-62

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