Lung Cancer

Impact de l’arrêt du tabac sur le pronostic du cancer

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2019

Épidémiologie, Cancer du non fumeur

L’impact du tabagisme sur l’évolution des cancers bronchique non à petites cellules reste un sujet débattu et sur lequel on dispose d’assez peu d’études. 

Cette étude prospective a été conduite chez 1124 patients pris en charge dans 33 hôpitaux anglais. Ils étaient classés selon des définitions différentes des définitions internationales puisqu’ils  étaient appelés:

-      Fumeurs s’ils continuaient à fumer ou avaient arrêté jusqu’à 1 mois du diagnostic. 

-      Anciens fumeurs s’ils avaient fumé plus de 100 cigarettes durant leur vie et avaient interrompu avant le dernier mois qui précédait le diagnostic. 

-      Non-fumeurs s’ils avaient fumé moins de 100 cigarettes durant leur vie. 

-      Et les « quitters » qui étaient fumeurs au diagnostic et devenaient abstinents durant les 3 mois suivant. 

L'objectif principal était de comparer la survie à 12 mois selon le statut tabagique. L’objectif secondaire était de comparer la survie des patients qui ont poursuivi leur tabagisme à celle des patients qui l’ont interrompu. 

Survie à 12 mois selon le statut tabagique :

L’analyse porte sur les 1124 patients dont l’âge moyen est de 68,9 ans. Il y a 59 % d’hommes et 22 % ont un cancer de stade I et II.

Les fumeurs au moment du diagnostic étaient significativement plus jeunes que les non-fumeurs ou anciens fumeurs et chez les anciens fumeurs il y avait significativement moins d’hommes. Les autres caractéristiques des patients des deux groupes (% de stades I et II, PS, modalités thérapeutiques) étaient bien réparties pour les différents statuts tabagiques. 

Le taux de survie à un an des  non-fumeurs était de 76,6 %, celui des anciens fumeurs de 60,3 % et celui des fumeurs de 56,9 %. Ces différences étaient significatives. En analyse multivariée, les risques de décès des fumeurs et anciens fumeurs étaient significativement supérieurs à celui des non-fumeurs.

Comparaison de la survie des patients qui ont poursuivi leur tabagisme à celle des patients qui l’ont interrompu :

Les caractéristiques des patients qui ont poursuivi leur tabagisme (n=293) étaient différentes de celles des patients qui l’ont interrompu (n=71) : s’il n’y avait pas de différence significative d’âge et le sexe, il y avait en revanche significativement davantage de patients dont le cancer était aux stades I et II  et davantage de  patients opérés parmi ceux qui avaient cessé leur tabagisme. 

Le pourcentage de patients qui étaient vivant à un an était de 52,9 % chez ceux qui avait poursuivi le tabagisme est de 69 % chez ceux qui l’avaient interrompu. Cette différence était significative. En analyse multivariée et après ajustement avec l’âge, le sexe, le stade, le type de chirurgie et le PS le risque de décès était plus bas chez les patients qui avait interrompu leur tabagisme, mais de façon non significative (HR = 0,75 (95%CI : 0,46-1,20)).

Cette étude démontre à nouveau que les cancers bronchiques non à petites cellules des non-fumeurs ou anciens fumeurs ont une meilleure survie que ceux des fumeurs. Mais on le savait déjà depuis plusieurs années (cliquer ici). De nombreuses questions se posent concernant le rôle des anomalies génétiques, la responsabilité des comorbidités dans les décès ou les interférences du tabac avec les traitements. 

Cette étude aurait été plus intéressante si elle était parvenue à démontrer que les patients qui cessent de fumer après leur diagnostic ont une meilleure survie que ceux qui continuent à fumer car peu d’études le démontrent et parfois  avec une méthodologie discutable (cliquer ici). Cette étude l’aurait sans doute démontré si elle avait eu plus de puissance (seuls 71 patients ont mis fin à leur tabagisme après le diagnostic) et si les patients avaient été suivi plus longtemps. Enfin, il nous semble que ces populations qui associent des cancers d’histologies différentes, et de tous stades sont beaucoup trop hétérogènes. Il faudrait pour résoudre cette question se limiter à des groupes de patients homogènes  de mêmes stades et de mêmes histologies. 

Il n’en reste pas moins que si cette tendance non significative ne suffit pas à nous convaincre, il existe de nombreux articles qui montrent l’influence favorable de l’arrêt du tabac sur les complications chirurgicales, sur la toxicité ou l’efficacité de plusieurs traitements etc …   Inciter les fumeurs atteints de cancer broncho-pulmonaire à mettre fin à leur tabagisme est essentiel et le sera d’autant plus que les traitements dont on dispose maintenant prolongent la survie de façon importante la survie de nombreux patients.   

Reference

Longitudinal study to assess impact of smoking at diagnosis and quitting on 1-year survival for people with non-small cell lung cancer.

Gemine RE, Ghosal R, Collier G, Parry D, Campbell I, Davies G, Davies K, Lewis KE; LungCast Investigators.

Lung Cancer2019; 129:1-7

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer