Chest

Impact sue la survie des délais de pris en charge des cancers broncho-pulmonaires.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2017

Chirurgie

L’impact des délais pour la prise en charge des cancers broncho-pulmonaires est quelque chose d’extrêmement complexe car le délai qui sépare le premier symptôme (ou la première image anormale s’il s’agit d’un cancer dépisté ou découvert par hasard chez un malade asymptomatique) du traitement est la somme de plusieurs délais : délai  du premier symptôme (ou de la première image anormale) à la consultation du généraliste, délai de cette dernière à l’accès à une consultation spécialisée, délai de cette dernière au diagnostic et au bilan thérapeutique, délai de ces derniers à la RCP et délai de la RCP à la mise en œuvre du traitement. De nombreux travaux ont montré que ces délais étaient très variables car ils dépendent du malade, des médecins généralistes, des possibilités d’accès aux structures spécialisées et des pays étudiés.

Le travail publié ici s’intéresse à l’impact des délais d’accès à la chirurgie sur la survie des patients atteints de cancers bronchiques épidermoïdes de stade IA. Il est réalisé à partir des données de 4984 patients qui ont bénéficié d’une lobectomie pour un cancer épidermoïde de stade clinique IA inscrits, de 2006 à 2011, dans la National Cancer Data Base américaine qui recueille les données d’environ 70% des patients atteints de cancer aux USA.  

Dans cette base de données le temps médian d’accès à la chirurgie de ces malades calculé à partir du diagnostic est de 38 jours et le taux de survie à 5 ans de l’ensemble de cette cohorte était de 58,3%.

En analyse univariée, les patients qui ont eu une lobectomie jusqu’à 37 jours après le diagnostic avaient une meilleure survie que ceux qui ont été opérés à partir du 38éme jour, que ce taux de survie à 5 ans soit calculé à partir de la date du diagnostic (61,5 vs 55,5%) ou à partir de la date de la chirurgie (60,8 vs 53%).

En analyse multivariée, un délai ≥ 38 jours était un facteur significativement associé avec un risque de décès plus élevé (HR = 1,13 [95% CI, 1,02-1,25, p = 0,022].

De même en utilisant un cutoff à 30 jours, la survie des patients opérés jusqu’à 30 jours était significativement supérieure à celle des malades opérés après ce délai : 61,5% [95% CI, 58,3-64,6] vs 56,4% [95% CI, 53,9-58,8]; p = O,007). Toutefois cette différence n’atteignait pas la significativité en analyse multivariée.

Cette étude a des limites notamment parce qu’elle est rétrospective et que l’analyse multivariée ne prend pas en compte un certain nombre de données telles que l’expérience des chirurgiens ou surtout l’insuffisance respiratoire ou les comorbidités. On peut imaginer que ce manque puisse être à l’origine de biais importants.  Par exemple les patients qui ont des comorbidités ou une insuffisance respiratoire importantes ont probablement un bilan plus long que ceux qui n’ont pas ces facteurs péjoratifs et il est probable qu’ils aient du fait de ces examens un accès à la chirurgie retardé. Il est alors possible que leur plus courte survie soit liée non pas à ces délais prolongés mais à ces comorbidités plus importantes.

Il n’en reste pas moins qu’il est vraisemblable que ces délais d’accès à la chirurgie aggravent le pronostic s’ils sont trop long tout comme les délais d’accès aux traitements médicaux dont l‘allongement risque d’aggraver le pronostic d’autant plus qu’on disposera de plus en plus de traitements efficaces. Raccourcir ces délais doit donc être pour nous une priorité. Cela passe par la mise en place de réseaux efficaces destinés à faciliter l’accès aux divers spécialistes et à la prise en charge dans les structures où ils travaillent. Cela passe aussi par la modification de l’image du cancer broncho-pulmonaire après du grand  public, des généralistes et même de certains spécialistes qui continuent à pensee à tort que le combat contre le cancer broncho-pulmonaire est toujours perdu d’avance.

 

Reference

Impact of Timing of Lobectomy on Survival for Clinical Stage IA Lung Squamous Cell Carcinoma.

Yang CJ, Wang H, Kumar A, Wang X, Hartwig MG, D'Amico TA, Berry MF.

Chest 2017; 152 : 1239-1250

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