Journal of Thoracic Oncology

KEYNOTE-407 : de nouveaux résultats de l’association Pembrolizumab et Chimiothérapie dans les cancers épidermoïdes.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2020

Immunothérapie, Traitement des stades IV

Nous avions commenté il y a 2 ans les résultats de l’étude KEYNOTE-407 (cliquer ici), une étude de phase III randomisée qui explorait l’association d’une immunothérapie par pembrolizumab à une chimiothérapie par carboplatine et paclitaxel ou nab-paclitaxel chez des patients atteints de cancers épidermoïdes non antérieurement traités. Des bénéfices significatifs  de survie (0,64 (0,49-0,85), p<0,001) et de survie sans progression (0,56 (0,45-0,70), p<0,001) étaient démontrés avec un suivi médian de 7,8 mois. Cette amélioration significative de la survie était observée en dépit du fait que 75 des 281 patients du bras placebo ont ensuite  reçu dans le cadre d’un crossover autorisé du pembrolizumab. 

Les nouveaux résultats qui sont publiés ici ont été obtenus avec un suivi de 12 mois supplémentaires. Ils concernent la survie sans progression, la PFS-2 (temps jusqu’à la progression ou au décès sous la deuxième ligne de traitement) et la survie. 

Les principaux résultats pour l’ensemble de la population et en fonction de l’expression de PD-L1  (pour la survie les données ont été fournies pour la population des deux bras et aussi pour une population ajustée, tenant compte du crossover) : 

Survie :

Pour l’ensemble des malades :

  • Les taux de survie étaient respectivement chez les patients du groupe expérimental et du groupe placebo de 67,4% vs  49,6% à un an et  37,5% vs  30,6% à deux ans.  
  • Les durées médianes de survie étaient de 17,1 mois vs 11,6 mois,
  • Et le HR était à 0,71 (0,58-0,88)

Pour les malades dont le statut PD-L1  était ≥ 1% le HR était à 0,67 (0,51-0,87) et pour ceux pour lesquels il était <1%, le HR était à 0,79 (0,56-1,11). 

Une analyse ajustée au crossover a été réalisée chez les patients du bras placebo : la survie médiane qui, non ajustée, était à 11,6 mois était en analyse ajustée à 9,1 mois. Le HR était alors à 0,59 (0,42-0,81). 

Survie sans progression 

Pour l’ensemble des malades :

  • Les taux de PFS  étaient respectivement chez les patients du groupe expérimental et du groupe placebo de 35,8% vs  17,7% à un an et  18,6% vs  6,3% à deux ans.  
  • Les durées médianes de PFS étaient de 8 mois vs 5,1 mois.
  • Et le HR était à 0,57  (0,47-0,69).

Pour les malades dont le statut PD-L1  était ≥ 1% le HR était à 0,50 (0,39-,0,63) et pour ceux pour lesquels il était <1%, le HR était à 0,67 (0,49-0,91).  

Les patients du bras pembrolizumab avaient une PFS-2 significativement plus longue que ceux du bras placebo 13,8 vs 9,1 mois) ainsi que des taux de PFS-2 à un an (56,5 vs 36,2%) et 2 ans (32,3 vs 19%). 

Réponse

Pour l’ensemble des malades les taux de réponse   étaient respectivement chez les patients du groupe expérimental et du groupe placebo de 62,6% et 38,4%.

Pour les malades dont le statut PD-L1  était ≥ 1% les taux de réponse étaient de 59,1% vs 37,3% et pour ceux pour lesquels il était <1%, les taux de réponse étaient de 67,4% vs 41,4%.   

Tolérance

Des effets adverses de tous grades ont été observés chez presque tous les patients (98,6 et 98,2%) et des effets adverses de grade 3-5 ont été observés chez 74,1% des patients du bras pembrolizumab et 69,6% de ceux du bras placebo. Anémie, alopécie, neutropénies et nausées étaient les effets adverses les plus fréquents.  

Ces nouvelles données confortent les précédentes : chez les patients atteints de cancer épidermoïde métastatique, l’association du pembrolizumab à une chimiothérapie de première ligne par carboplatine et paclitaxel ou nab-paclitaxel entraine un important et durable bénéfice. Ce bénéfice est d’autant plus remarquable que le crossover était autorisé : sur les 273 patients qui ont interrompu le traitement de l’étude dans le bras placebo, 114 ont reçu lors de la progression du pembrolizumab en crossover et 29 une autre anti-PD-1 ou PD-L1. 

Ces résultats témoignent à nouveau des progrès dans le traitements des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules métastatiques. Souvenons nous qu’en 2002, parmi les 290 malades traités par carboplatine et paclitaxel dans  la célèbre étude de Schiller (cliquer ici) seulement  11% étaient vivants à  2 ans. Ce triplement du taux de survie à 2 ans est d’autant plus intéressant qu’il est observé ici chez les malades atteints de cancer épidermoïde qui sont classiquement bien moins sensibles au traitement que ceux atteints de cancer  non-épidermoïde.  

 

Reference

A Randomized, Placebo-Controlled Trial of Pembrolizumab Plus Chemotherapy in Patients With Metastatic Squamous NSCLC: Protocol-Specified Final Analysis of KEYNOTE-407.

Paz-Ares L, Vicente D, Tafreshi A, Robinson A, Soto Parra H, Mazières J, Hermes B, Cicin I, Medgyasszay B, Rodríguez-Cid J, Okamoto I, Lee S, Ramlau R, Vladimirov V, Cheng Y, Deng X, Zhang Y, Bas T, Piperdi B, Halmos B.

J Thorac Oncol 2020; 15 : 1657-1669.

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