Journal of Clinical Oncology

La chimiothérapie adjuvante augmente la survie des sujets de plus de 70 ans dans la vraie vie comme dans les essais.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2012

Traitement péri-opératoire, Cancers du sujet âgé

 

Plusieurs travaux ont été menés au Canada à la suite des grands essais de chimiothérapie adjuvante montrent l’impact de ceux-ci dans la « vraie vie ». Ils ont été plusieurs fois analysés sur ce site (http://www.biblio.ifct.fr/?q=node/2027, http://www.biblio.ifct.fr/?q=node/2910) et ils démontrent que les résultats obtenus dans la « vraie vie » ne différent pas toujours de ceux des essais cliniques contrairement à une pensée largement répandue qui veut que les malades inclus dans les essais cliniques soient sélectionnés et par là différents des « vrais » malades. Cela est d’ailleurs assez logique car le fait d’avoir été opéré est déjà en soi une sélection et on conçoit donc qu’il y ait très peu de différences entre les malades des essais et tous les autres.

L’étude rapportée ici est dans une suite logique des précédentes : elle ne concerne qu’une population, les patients de plus de 70 ans.

On sait qu’actuellement la médiane d’âge des patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules est justement de 70 ans, que la chirurgie est de plus en plus proposée à ces malades et que les chiffres de survie des opérés de cet âge sont proches de ceux des plus jeunes. Récemment la chimiothérapie adjuvante a été proposée comme un standard chez les patients de stade II et III opérés et l’analyse du sous groupe des patients âgés inclus dans les méta-analyses suggérait que les patients âgés comme les autres bénéficiaient de la chimiothérapie adjuvante avec une toxicité acceptable.

Néanmoins ces résultats restaient discutés car les malades âgés inclus dans les essais sont toujours présentés comme sélectionnés donc peu nombreux et peu représentatifs.

Cette étude est une étude de population qui concerne tous les patients opérés d’un cancer bronchique non à petites cellules de la province d’Ontario. Cette population représente plus du tiers de la population du Canada, c’est à dire 11 millions de personnes qui ont la même assurance médicale. Cette enquête est vraiment complète puis qu’elle couvre 98% de la population de cancers incidents. En quelques chiffres :

  • plus de 28 800 cancers bronchiques non à petites cellules incidents ont été diagnostiqués en Ontario entre 2001 et 2006,
  • le nombre de cancers opérés chez des malades de 70 ans et plus a augmenté dans cette période de 42,5% à 45% (p=0,006).
  • Au total 6304 patients ont été opérés sans avoir reçu de chimiothérapie préopératoire et parmi eux 2763 (43,8%) étaient âgés.
  • Les patients âgés étaient plus souvent des hommes, ils avaient plus de comorbidités et avaient un séjour hospitalier plus long lors de leur intervention. Ils avaient plus fréquemment un cancer épidermoïde, moins de pneumonectomies et étaient moins fréquemment traités dans un centre de lutte contre le cancer.

On se souvient que les résultats des grands essais datent de 2004, et on n’est donc pas étonné de constater que l’utilisation de la chimiothérapie adjuvante a augmenté chez ces malades âgés de 3,3% de 2001 à 2003 à 16,2% de 2004 à 2006.

En revanche la probabilité de recevoir une chimiothérapie diminuait avec l’âge : 42,7% à moins de 70 ans, 23,1 de 70 à 74, 13,3 de 75 à 79 ans et 4,6 à plus de 80 ans.

La survie à 4 ans des malades opérés pendant cette même période a augmenté de façon significative ce qui laisse à penser que la chimiothérapie adjuvante est en cause d’une augmentation de survie à 4 ans :

  • de 52,5% à 56,1% chez l’ensemble des patients,
  • et de 47,1 à 49,9% chez les seuls patients âgés.
  • Entre ces deux périodes le HR de décès diminuait significativement jusqu'à 80 ans, mais pas chez les patients de plus de 80 ans.

Tous ces résultats étaient obtenus sans excès d’hospitalisations chez les patients âgés ce qui suggère une faible toxicité de la chimiothérapie.

 

Deux messages importants sont à retenir :

  • cette étude démontre une fois encore que les bénéfices de survie obtenus dans les essais sont transposables à la vraie vie,
  •  et que, comme on le supposait , un bénéfice identique à celui qui est observé chez les plus jeunes est obtenu chez les sujets âgés, et ce jusqu’à 80 ans.

 

Reference

Adjuvant Chemotherapy for Non-Small-Cell Lung Cancer in the Elderly: A Population-Based Study in Ontario, Canada.

Cuffe S, Booth CM, Peng Y, Darling GE, Li G, Kong W, Mackillop WJ, Shepherd FA.

J Clin Oncol. 2012 Apr 23. [Epub ahead of print]

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer