Journal of Thoracic Oncology

La chimiothérapie de deuxième ligne prolonge-t-elle la survie ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2014

Traitement des stades IV

En Colombie britannique, l’accès à la deuxième ligne de traitement des cancers bronchiques non à petites cellules a été autorisé en décembre 2000 pour le docetaxel, en octobre 2005 pour l’erlotinib et en juin 2007 pour le pemetrexed. Quel a été l’impact de l’introduction de ces 3 médicaments  dans cette région de 4,5 millions d’habitants et où la distribution des médicaments est très réglementée par la British Columbia Cancer Agency (BCCA) qui dispose d’un registre ?

Pour répondre à cette question, une étude a été menée auprès des 6 centres de la BCCA qui prennent en charge environ 80% des malades qui ont des cancers avancés.

Quatre cohortes ont été constituées de 2623 malades atteints de cancers de stades étendus. Sur le tableau ci-dessous, sont indiquées les dates d’observation de ces cohortes et les dates d’introduction des traitements de deuxième ligne :

Cohorte 1

Janvier à décembre 1998

 

Décembre 2000 : introduction du docetaxel

Cohorte 2

Mai 2001 à avril 2002

 

Octobre 2005 : introduction de l’erlotinib

Cohorte 3

Mars 2006 à février 2007

 

Juin 2007 : introduction du pemetrexed 

Cohorte 4

Novembre 2007 à octobre 2008

 

La médiane de survie ne différait pas chez les patients qui ont reçu un traitement de confort exclusif. Elle augmentait en revanche chez les patients traités par chimiothérapie.

Cohortes

 

1

2

3

4

p

Médiane de survie des patients traités par BSC (mois)

3,9

4

3,1

3,2

0,136

Médiane de survie des patients traités par CT (mois)

9,4

9,8

11

11,8

0,023

        

Pour l’ensemble de la population, la médiane de survie des patients traités par traitement de confort  était de 3,5 mois, celle des patients qui n’ont reçu qu’une ligne de chimiothérapie de 7,9 mois et celle des patients traités par deuxième ligne ou plus de 17 mois. 

Les éléments prédictifs du fait de recevoir une deuxième ligne de traitement étaient : l’âge jeune, un bon PS, une origine asiatique, un traitement de première ligne par un doublet de troisième génération et le fait d’appartenir à une cohorte récente.

Les éléments prédictifs d’une survie prolongée étaient : l’âge élevé, le sexe féminin, une histologie épidermoïde, un bon PS et le fait d’appartenir à une cohorte récente.

Cette étude est particulièrement intéressante parce qu’elle porte sur un registre et qu’elle montre  une augmentation de survie dans les périodes qui suivent l’enregistrement et donc l’administration de nouveaux médicaments.

On entend souvent dire que les progrès observés dans les essais thérapeutiques ne concernent que peu de malades et ne sont pas transposables dans la vraie vie. C’est à la fois vrai et faux.

C ‘est vrai, car on voit bien dans cette étude que, si l’on respecte les indications de la chimiothérapie, tous les malades n’en reçoivent pas, loin de là. En 1998 par exemple, 16%  des patients en recevaient.

Mais c’est faux aussi car lorsqu’on respecte les indications de la chimiothérapie on voit que, dans cette population particulière éligible à la chimiothérapie, les mêmes progrès que ceux qui sont observés dans les essais sont retrouvés dans une population générale. On voit aussi que, probablement parce que les traitements sont moins toxiques la proportion de malades éligibles à un traitement a doublé en moins de 10 ans, comme le montre le tableau ci-dessous :

Cohorte

Traitement de confort  (n)

Chimiothérapie (n)

Proportion de malades traités (%)

1 : 1998

464

91

16,3

2 : 2001

485

146

23,1

3 : 2006

453

235

34,1

4 : 2007

501

249

33,2

Il est donc vraisemblable que l’augmentation progressive de la durée de vie des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules de stade IV qu’observent tous  ceux qui prennent en charge les malades soit polyfactorielle : les traitements sont plus efficaces mais aussi les traitements sont moins toxiques et c’est notamment le cas des traitements disponibles en deuxième ligne ou plus. Ainsi davantage de malades sont traités. Ces faits sont constatés ici de 1998 à 2007. Ce gain de survie va certainement être encore amplifié dans la « vraie vie » grâce à l’essor plus récent des traitements ciblés et des nouvelles stratégies telle que le traitement de maintenance. 

Nous ne savons pas encore guérir le cancer bronchique non à petites cellules de stade IV mais il est certain nous avons augmenté sa survie durant ces 15 dernières années.

Reference

Less Toxic Chemotherapy Improves Uptake of All Lines of Chemotherapy in Advanced Non–Small-Cell Lung Cancer: A 10-Year Retrospective Population-Based Review

Ho, Cheryl; Ramsden, Katherine; Zhai, Yongliang; Murray, Nevin; Sun, Sophie; Melosky, Barbara; Laskin, Janessa

J Thor Oncol 2014 ; 9 :  1180–1186

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer