European Respiratory Journal

La colonisation bactérienne et fungique initiale dans le cancer broncho-pulmonaire est pronostique

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2012

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Chirurgie

Il est bien connu que des complications infectieuses diverses peuvent survenir au cours de l’évolution des cancers broncho-pulmonaires. Il est possible que la colonisation bronchique (favorisée par la sténose bronchique, l’altération de la clearance muco-ciliaire, l’immuno-dépression, la malnutrition,  le tabagisme, une BPCO associée ou même la chimiothérapie) joue un rôle à l’origine de telles complications. Plusieurs articles ont démontré l’existence de telles colonisations mais le lien entre colonisation et infection n’est pas toujours clair.

Le but de cette intéressante étude prospective menée par l’équipe de Julien Mazières à Toulouse et de définir la prévalence de la colonisation bronchique lors du diagnostic initial, donc avant tout traitement, et de corréler celle-ci avec les caractères cliniques du cancer et l’évolution de celui-ci.

Population étudiée

La population étudiée est composée de 161 hommes et 49 femmes. Leur âge moyen était de 61,9 ans, 84,5% étaient fumeurs, 4,5% avaient une histoire de BPCO, 13% avaient un diabète, 22,3% étaient immunodéprimés, 8,6% avaient reçus une corticothérapie et 16,4% avaient une consommation alcoolique supérieure à 30g/j.  

Les cancers en cause étaient des adénocarcinomes (51.2%), des épidermoïdes (29.7%), des cancers bronchiques à petites cellules  (10.0%) et des cancers à grandes cellules (3.3%). Leurs stades étaient en général étendus moins de 12% de stades I et II) et plus de la moitié étaient métastatiques.

Résultats

Au total 101 patients étaient colonisés au dessus du seuil de 102 cfu.mL-1.

La liste des différentes bactéries en cause est longue, Staphylococcus aureus, Eschericia coli et Proteus mirabilis étant les 3 principales. Les auteurs rapportent aussi un taux qu’ils jugent anormalement élevé de candida albicans (42,9%) et d’aspergillus (6,2%).

En analyse univariée, l’âge, le sexe masculin, l’existence d’une BPCO et le fait d’avoir un cancer épidermoïde étaient significativement associés à l’existence d’une colonisation.

En analyse multivariée ces facteurs restaient significatifs à l’exception du type histologique.

De façon intéressante, la survie était significativement liée à la colonisation (survie médiane 10,7 mois chez les colonisés vs 14,4 chez les non colonisés). Après ajustement au sexe, à l’âge, à histologie, au stade, à l’existence d’un diabète, à l’alcoolisme et au PS, le risque de décès restait plus élevé à 1.75 chez les patients colonisés (CI 95% : 1,19 – 2,58).

Cependant, la survenue ultérieure de complications infectieuses n’était significativement liée qu’à l’absorption d’alcool. L’incidence était augmentée, mais de façon non significative, chez les hommes, dans les stades élevés et si existait une colonisation bactérienne initiale (1,61 {0,93-2,82}, p = 0,09).

Est-ce du fait d’un manque de puissance que  le lien entre colonisation et infection n’est pas significatif ? On aimerait savoir si les germes en cause dans ces infections étaient les mêmes que ceux retrouvés initialement. Sinon comment expliquer ce lien significatif entre colonisation initiale et survie ?

Reference

Bronchial colonisation in patients with lung cancer: a prospective study.

Laroumagne S, Lepage B, Hermant C, Plat G, Phelippeau M, Bigay-Game L, Lozano S, Guibert N, Segonds C, Mallard V, Augustin N, Didier A, Mazieres J.

Eur Respir J. 2012 Oct 25. [Epub ahead of print]

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