Annals of Oncology

Translocations EML4-ALK et mutations PIK3CA et MEK1 au cours des cancers bronchiques non à petites cellules opérés

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2013

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Chirurgie

Cette série chinoise est différente des séries aux quelles nous sommes habitués puisqu’elle concerne 488 patients opérés (donc de stade I à IIIA avec seulement 4 patients de stade IIIB ou IV) et qui présentent des cancers de tout type histologique (71% d’adénocarcinomes, 21% d’épidermoïdes et 8% d’autres). Il y a un taux élevé de non fumeurs (53%). Une recherche de translocations EML4-ALK et de mutations PIK3CA et  MEK1 a été effectuée chez tous ou une partie de ces malades.

Translocations ALK-EML4

La totalité des patients ont eu une recherche de translocation ALK-EML4 : chez 9% des stades IA (n=134), cette recherche était positive, alors qu’elle ne l’était que chez 2,9% des stades IB et 5,5% des stades IIIA (n=165).

Les différences significatives concernaient :

  • le stade (IA vs IB, p = 0,36),
  • le sexe (Hommes vs Femmes = 3,1 vs 9,8%, p = 0,002),
  • l’âge (≥60 vs <60 ans = 3,6 vs 7,9%, p = 0,04
  • le tabagisme (fumeurs vs non fumeurs = 2,6 vs 8,2%, p 0,02).

De façon attendue, 7,2% des adénocarcinomes et seulement 2/101 (2%) des épidermoïdes avaient une translocation.

Mutations PIK3CA

Chez seulement 392 patients, une mutations PIK3CA a été recherchée : 13 (3,3%) étaient positives. Une seulement (1,7%) au stade IA et 8 au stade IIIA (5,1%). Aucune des différences mentionnées plus haut n’était significative. Il existe seulement une répartition inverse selon les stades : IA et IB (1,7 et 1,5%) vs IIB et IIIA (5 et 5,1%). Cette différence est signalée comme non significative sur le tableau (p=0,053) mais significative dans le texte (p=0,011).  

Mutations MEK1

Seulement 3 mutations MEK1 ont été décelées sur 392 tumeurs examinées (0,8%). Une a été observée au stade IAB et 2 au stade IIIA.  Aucune corrélation n’a été recherchée comte tenu de ce petit nombre de positifs.

Caractère exclusif des mutations

Ces 3 mutations étaient exclusives mais 2 patients qui présentaient une translocation ALK-EML4 avaient en même temps pour l‘un une mutations EGFR et pour l’autre une mutations KRAS.

Survie

Pour les stades IA, les 12 ALK-EML4+ étaient toujours vivants lors de l’écriture de l’article, alors que près de 30% des négatifs ont récidivé dans les 5 ans. Ils avaient aussi une DFS significativement supérieure. A l’inverse pour les stades IIIA, les ALK-EML4+ avaient une DFS significativement inférieure (6 vs 16 mois, p = 0,0057).

Compte tenu du petit nombre de petits stades PI3KCA+, seule la survie des stades IIIA a été analysée : elle ne différait pas que les patients soient positifs ou négatifs.

En analyse multivariée, pour les stades IIIA, parmi le sexe, l’âge, le tabac, le type histologie et le statut ALK et PI3KCA, seul le statut ALK était significativement pronostique.

Même si ces mutations étaient recherchées en routine sur la pièce opératoire de nos malades, ce qui n'est pas recommandé en France, l’utilité pratique de cette étude ne serait pas évidente. Rappelons en tout cas qu’actuellement la place d’un traitement adjuvant par crizotinib que l’on pourrait avoir envie de proposer à un patient opéré porteur d’une translocation ALK-EML4 n’est absolument pas démontrée. Il est donc totalement déconseillé de pratiquer un tel traitement en dehors d’études cliniques. 

Reference

Oncogenic driver mutations in patients with non-small-cell lung cancer at various clinical stages.

Zhou JX, Yang H, Deng Q, Gu X, He P, Lin Y, Zhao M, Jiang J, Chen H, Lin Y, Yin W, Mo L, He J.

Ann Oncol 2013 ; 24 : 1319-25.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer