Lung Cancer

Quel est l’avenir des cancers de stade III-N2 qui présentent une mutation activatrice de l’EGFR ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2013

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Chirurgie

Peu de données sur la valeur pronostique des mutations activatrices de l’EGFR chez les patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules N2 sont disponibles. Il est souvent admis que ces mutations représentent plutôt un facteur pronostique favorable, sans pourtant que ceci soit très bien démontré.

Les auteurs de cette étude coréenne ont cherché à répondre à cette question à partir d’une étude rétrospective portant sur 168 dossiers de patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules dont l’extension N2 avait été prouvée par médiastinoscopie. Parmi ces patients le statut EGFR a pu être défini chez 107 : 24 présentaient une mutation activatrice de l’EGFR et 83 non. Le stade était IIIA (T1-3N2) chez 104 patients et IIIB (T4N2) chez 3 autres. Tous ont reçus une chimioradiothérapie et près de 90% ont été opérés.

Entre les deux populations mutées et non mutées, il y avait un certain nombre de différences significatives auxquelles ont pouvait s’attendre : les mutations étaient plus fréquentes chez les femmes, les non fumeurs, les patients présentant un adénocarcinome ou une tumeur périphérique. A noter aussi qu’une atteinte N2 multisite était plus fréquente chez les mutés tandis qu’un envahissement extra-nodal était plus fréquente chez les non mutés.

Il n’y avait pas de différence en revanche entre les autres facteurs.

PFS et survie.

  • La PFS médiane des mutés et non mutés ne différait pas (16,5 vs 15,8 mois, p = 0,2) mais la PFS à 5 ans différait significativement (33,6 vs 8,4%, p=0,005), ce qui signifie que les courbes proches au début s’écartent plus tard).
  • La survie globale médiane  ne différait pas selon le statut mutationnel (44,9 mois chez les mutés vs 32,5 chez les non mutés, p = 0,9).
  • Le taux de survie sans récidive locale ne différait pas mais celui sans récidive à distance différait significativement.

Facteurs pronostiques en analyse univariée.

  • Le taux de récidive local ne différait pas significativement (15,8% chez les mutés vs 26,5 chez les autres, p=0,3).
  • En revanche, le taux de récidive à distance était significativement supérieur chez les mutés (78,9% vs 41%, p = 0,004).
  • Le taux de clearance médiastinale ne différait pas significativement.

Facteurs pronostiques en analyse multivariée.

  • Pour la PFS, l’achèvement complet de la chimioradiothérapie, le fait d’être R0 et la clearance complète du médiastin étaient associés à une plus longue PFS.
  • Pour la survie globale, l’achèvement complet de la chimioradiothérapie, le fait d’être R0 et l’âge étaient les seuls facteurs pronostiques.

 

Les conclusions de cette très intéressante étude sont donc que les taux de récidive métastatique seraient plus élevés chez les patients présentant une mutation activatrice de l’EGFR. Ceci en revanche ne se traduit pas par une diminution de la survie globale. Il serait important de savoir si un traitement adjuvant par inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR ne serait pas bénéfique chez de les malades mutés en diminuant les taux de récidive métastatique. 

A noter enfin que 7 patients seulement ont reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR lors de la rechute (ce qui n’est pas étonnant puisque la recherche de mutations a été réalisée a posteriori). Si tous les mutés en avaient reçu, il est possible que la survie globale augmentée des mutés aurait été significativement supérieure à celle des non mutés. Elle l’était en effet de façon non significative, passant de 32,5 mois chez les non mutés à 44,9 mois chez les mutés.  Un gain d’encore une dizaine de mois, aurait sans doute permis qu’elle devienne significative.

Reference

Epidermal growth factor receptor mutation and treatment outcome of mediastinoscopic N2 positive non-small cell lung cancer patients treated with neoadjuvant chemoradiotherapy followed by surgery.

Ahn HK, Choi YL, Han JH, Ahn YC, Kim K, Kim J, Shim YM, Um SW, Kim H, Kwon OJ, Sun JM, Ahn JS, Park K, Ahn MJ.

Lung Cancer 2013; 79 : 300-6.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer