European Journal of Cancer

La CRP a une valeur pronostique dans les CBNPC opérés

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2017

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Chirurgie

Des études antérieures ayant suggérées que la CRP aurait une valeur pronostique pour les patients opérés de cancers bronchiques non à petites cellules,  les auteurs de cette étude rétrospective italienne ont souhaité savoir si les dosages de CRP initialement et 3 jours après chirurgie avaient réellement une valeur pronostique. Ils ont effectué cette étude à partir des données de 1750 patients opérés de 2003 à 2015.

Parmi ceux-ci, 815 avaient un cancer de stade I, 410 un cancer de stade II et 525 un cancer de stade III ou IV. Leur âge moyen était de 66 ans, 70% étaient des hommes, plus de 60% avaient un adénocarcinome et 80% avaient été opérés par lobectomie.

Ils ont ensuite constitué des cohortes différentes selon le niveau de CRP initiale et de CRP à 3 jours :

  • Les malades de la première cohorte avaient à J0 une CRP ≤3 mg/l et à J3 une CRP ≤ 126 mg/l,
  • Ceux de la deuxième cohorte avaient à J0 une CRP  > 3 mg/l et à J3 une CRP ≤ 126 mg/l ou bien à J0 une CRP  ≤  3 mg/l et à J3 une CRP > 126 mg/l
  • Ceux de la troisième cohorte avaient ces deux valeurs à J0 et J3 augmentées au dessus des seuils cités plus haut.

Le risque de décès à 5 ans était significativement différent :

  • A 1 pour les malades du premier groupe (67% à 5 ans) ,
  • Il était significativement augmenté à 1,43 (1,14-1,79) chez ceux de la  deuxième cohorte (58% à 5 ans),
  • Et à 2,49 (1,99-3,11) chez ceux de la troisième cohorte (41% à 5 ans). 

Des différences significatives étaient également retrouvées notamment dans les populations de patients atteints de cancer de stade I et dans celle de patients non fumeurs.

Les auteurs concluent ce travail en affirmant que ces données incitent à proposer des essais randomisés de traitement anti-inflammatoire chez ces malades.

L’intérêt de cet article est qu’il démontre la valeur pronostique d’un marqueur biologique d’accès facile partout dans les cancers bronchiques non à petites cellules opérés et que cette démonstration est faite avec un nombre élevé de malades. On peut néanmoins regretter qu’il n’y ait pas une véritable analyse multivariée prenant en compte d’autres facteurs pronostiques classiques tels que l’âge, le sexe, le PS, le type de chirurgie, l’histologie etc … En effet il est tout à fait possible que cette variable ne soit pas indépendante des autres facteurs pronostiques ce qui lui retirerait tout son intérêt. On savait que les cellules inflammatoires jouaient un rôle important dans le processus néoplasique, il n’est donc pas étonnant que  cette étude montre qu’un marqueur de l’inflammation a une valeur pronostique.  

Reference

Baseline and postoperative C-reactive protein levels predict mortality in operable lung cancer.

Pastorino U, Morelli D, Leuzzi G, Gisabella M, Suatoni P, Taverna F, Bertocchi E, Boeri M, Sozzi G, Cantarutti A, Corrao G.

Eur J Cancer. 2017 May 1;79:90-97.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer