Bulletin du Cancer

La faisabilité de l’administration du cisplatine en ambulatoire est démontrée

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2012

Traitement des stades IV, Traitement péri-opératoire, Traitement des stades III, Cancers à petites cellules

Dans beaucoup d’établissements du monde entier, on garde encore l’habitude d’hospitaliser les patients aux quels on administre du cisplatine. Pourtant beaucoup d’équipes prennent en charge ces traitements en hôpital de jour bien que assez peu de travaux aient démontré l’innocuité de ce mode d’administration.

Pratiquant depuis une vingtaine d’années l’administration ambulatoire du cisplatine en routine pour la très grande majorité de leurs patients les auteurs de cette étude rétrospective monocentrique ont repris l’ensemble des données concernant une série de patients consécutifs traités dans ces dernières années à l’hôpital Tenon.

La prise en charge ambulatoire était parfaitement codifiée : arrivés à 8 heures, les patients étaient hydratés par 2 litres de G5 avec 4 g/L de NaCl, 2 g/L de KCl, 1 g/L de MgCl2 et 1 g/L CaCl2. Le cisplatine était ensuite injecté  dans 250 mL de solution saline à la vitesse de 1 mg/min. Ni mannitol, ni diurétiques n’étaient administrés. A partir de 15 heures, les patients étaient capables de retourner au domicile avec le conseil de boire abondamment.

Les 357 patients inclus dans cette étude étaient assez jeunes (âge moyen 58 ans) et en bon état général (PS 0-1). Cependant, comme c’est habituel dans le cancer broncho-pulmonaire plus de 25% d’entre eux présentaient des comorbidités. Ils ont reçu de 1 à 6 cycles de cisplatine (moyenne 3,6). Les doses de cisplatine administrées en un seul jour étaient ≥ 75 mg/m2 et les doses totales cumulées étaient de  282 mg/m2 (range : 80-600).

Au total 21/357 patients (6%) ont eu une toxicité ≥1 selon le NCIC. Dans 95% des cas, il s’agissait d’une toxicité de grade 1 (créatinine < 1,5 N). Un patient seulement a eu une toxicité de grade 3 (créatinine entre 3 et 6 N) qui s’est transformé en grade 2 (créatinine entre 1,5 et 3 N) 2 mois après l’interruption du cisplatine.

Les facteurs prédictifs de néphrotoxicité étaient les comorbidités (hypertension, diabète, insuffisance cardiaque), la créatinine initiale ≥ 100 µmol/L et une dose de cisplatine élevée ≥ 100 mg/m2.

Reference

Routine administration of a single dose of cisplatin≥75mg/m(2) after short hydration in an outpatient lung-cancer clinic.

Lavolé A, Danel S, Baudrin L, Gounant V, Ruppert AM, Epaud C, Belmont L, Rosencher L, Cadranel J, Milleron B.

Bull Cancer 2012; 99 : 43-8.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer