Journal of Thoracic Oncology

La profondeur de la réponse est-elle pronostique ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2018

Thérapeutique ciblée, Méthodologie / Essais thérapeutiques, EGFR

On pense souvent que l’importance de la réponse est pronostique. Mais a-t-on raison de le croire ? 

Pour répondre à cette question en ce qui concerne le traitement des patients qui présentent une mutation activatrice de l'EGFR, les auteurs ont repris les données individuelles des patients inclus dans  5 grands essais contrôlés randomisés menés chez des patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules présentant une mutation activatrice de l'EGFR. Il s’agit des essais EURTAC, IPASS, ENSURE, LUX-Lung 3, et LUX-Lung 6 comparant un inhibiteur de la tyrosine kinase à une chimiothérapie en première ligne. 

Les mesures prises pour calculer les modifications de tailles étaient celles qui étaient prises par les investigateurs. Au total 2316 patients ont été inclus dans ces études. Après avoir écarté les patients non mutés de l’étude IPASS, ceux qui présentaient une double mutation ou une mutation non commune, il restait 1312 patients éligibles pour cette analyse. 

A 6 semaines le pourcentage moyen de réduction tumorale sous inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR était significativement plus important que sous chimiothérapie (35,1% vs 18,5%, p < 0,0001) Il n’y avait pas de différence entre les patients présentant une délétion de l’exon 19 ou une mutation L858R de l’exon 21 qui étaient traités par chimiothérapie (18,7 vs 18,3%) mais une différence significative chez ceux qui étaient traités par inhibiteur de la tyrosine kinase (39,3 vs 29,9%). Les résultats étaient similaires à 12 semaines. 

En analyse univariée la profondeur de la réponse était significativement associée à la survie sans progression (HR : 0,58, 95% CI : 0,44-0,78) ainsi que le traitement par inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR (HR : 0,36, 95% 95% CI : 0,31-0,42, p < 0,0001). Toutefois sur un modèle bivarié seul le type de traitement restait pronostique de la survie sans progression. 

Ainsi, à partir d’études comparant un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR à une chimiothérapie chez des malades EGFR mutés, les auteurs concluent que la profondeur de la réponse n’était pas significativement corrélée à la survie globale. Seul le traitement est pronostique.

Cette  conclusion est tout à fait acceptable mais retenons qu’elle ne veut pas dire que dans un groupe qui serait constitué exclusivement de malades mutés EGFR (ou de malades traités par chimiothérapie) la profondeur de la réponse ne serait pas pronostique. Souvenons nous à ce propos d’une étude commentée sur ce site qui suggérait que l’importance de la réponse, observée chez des malades atteints de cancers bronchiques non à petites cellules et traités par anti-ALK ou par immunothérapie,  serait corrélée à la réponse  (cliquer ici). Cette question reste donc pour l'instant sans réponse. 

Reference

The Value of Early Depth of Response in Predicting Long-Term Outcome in EGFR-Mutant Lung Cancer.

Lee CK, Lord S, Marschner I, Wu YL, Sequist L, Rosell R, Fukuoka M, Mitsudomi T, Asher R, Davies L, Gebski V, Gralla R, Mok T, Chih-Hsin Yang J.

J Thorac Oncol2018; 13 : 792-800

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer