Journal of Thoracic Oncology

La radiothérapie est-elle sous utilisée ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2013

Radiothérapie / Radiofréquence

Il y a quelques jours, nous faisions l’analyse d’un article du Journal of Clinical Oncology qui mettait en évidence un mauvais usage de la radiothérapie palliative administrée souvent de façon trop prolongée (/la-gestion-des-nodules-dans-letude-nelson-encore-des-resultats-confirmatifs-de).

Voici un autre article qui cette fois prend comme base de travail que la radiothérapie n’est pas assez souvent administrée pour le traitement des cancers broncho-pulmonaires  en Andalousie. Ces radiothérapeutes espagnols citent pour appuyer cette affirmation deux articles, publiés il y a une dizaine d’années, qui estiment que 45 à 55% des patients atteints de cancers broncho-pulmonaires de tous stades devraient bénéficier d’une radiothérapie au début de leur traitement et 15% durant leur maladie.

Pour examiner la situation en Andalousie, ces auteurs ont réalisé une étude rétrospective menée dans 12 hôpitaux dans les quels une radiothérapie est accessible. Ils ont ainsi revu 3051 cas incidents de cancers bronchiques non à petites cellules et de cancers bronchiques à petites cellules. Parmi ceux-ci, les données concernant le type histologique, le stade clinique et les modalités de radiothérapie étaient présentes dans 76% à 100% de 610 dossiers de patients ayant reçu une radiothérapie. Dans plus de 50% des cas en revanche les données étaient manquantes pour des paramètres aussi importants que le PS, l’amaigrissement ou les comorbidités.

Ces 610 patients avaient reçu dans 58% des cas un radiothérapie à visée curative et dans 42% des cas une radiothérapie palliative. Le taux moyen de radiothérapie était de 20%, très loin des 45 à 55% escomptés avec une distribution variable selon les provinces de cette région.

A  côté de ces malades, les auteurs estiment, selon les guidelines aux quels ils se référent,  que 773 patients supplémentaires  auraient du recevoir une radiothérapie non seulement palliative, mais même curative …

Ensuite, il ne restait plus aux auteurs qu’à estimer la survie perdue par ce nombre estimé de patients : elle est, pour l’ensemble de ces malades hypothétiques, au total supérieure à 250 ans! 

Cette conclusion nous paraît pour le moins hasardeuse car elle s’applique à des malades dont les facteurs pronostiques sont pour le moins mal connus (on ne connaît par exemple le PS, le pourcentage d’amaigrissement ou les comorbidités qu’une fois sur deux).  Comment peux-t-on dans ces conditions appliquer un référentiel à des malades pour le quels tant de données précises sont manquantes ?

Reference

Underuse of radiotherapy in lung cancer has negative consequences for patients.

Tovar I, Expósito J, Jaén J, Alonso E.

J Thorac Oncol  2013; 8 : 62-7

20 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer