Lung Cancer

La reprise d’osimertinib chez les patients qui ont progressé sous ce traitement est-elle efficace ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2019

Thérapeutique ciblée, EGFR

Une des stratégie possible pour traiter les malades devenus résistants à l’osimertinib est,  comme cela avait déjà été proposé pour l’erlotinib ou le gefitinib,  de réintroduire dans un deuxième temps ce traitement. Toutefois cette attitude, même si elle est proposée par certaines équipes, n’a jamais été réellement évaluée pour l'osimertinib. 

C’est le but de cette étude rétrospective moncentrique japonaise que d’évaluer l’action de l’osimertinib chez des malades antérieurement traités par osimertinib et qui ont été traités au moment de la progression par une ou plusieurs lignes de chimiothérapie, puis à nouveau par osimertinib (les reprises après arrêt pour effets adverses n’ont pas été incluses dans ce travail). 

Sur un total de 57 patients traités par osimertinib de juin 2016 à avril 2018 dans ce centre universitaire, 22 n’ont pas progressé et 35 ont progressé dont 17 ont à nouveau reçu de l’osimertinib. 

Leur âge médian était de 68 ans, 11 étaient des femmes et leurs PS allaient de 0 à 3. Tous avaient un adénocarcinome et tous avaient une mutation T790M associée à l’une des 2 mutations usuelles.  

Huit patients avaient eu lors du traitement initial une réponse partielle, 5 une stabilisation et 4 avaient progressé et la survie sans progression médiane sous ce traitement était de 7,8 (0,9-9,9) mois. Après cette première ligne, 13 patients ont reçu un doublet comportant du platine et 17 du docetaxel. Quatre seulement ont reçu une immunothérapie. 

Parmi ces 17 patients 5 (33%) ont et une réponse partielle et 6 une stabilisation. De plus 2 patients étaient non évaluables car traités pour une méningite carcinomateuse et l’un d’entre eux a eu une importante amélioration de ses symptômes de sorte que 12 patients ont présenté un bénéfice clinique après cette réadministration. 

La survie sans progression médiane était de 4,1 mois et la survie globale de 9 mois. Il existait une corrélation qualifiée de modérée (r = 0,585, 95% CI : 0,104–0,844) entre la réponse initiale au traitement et la réponse observée lors de la reprise. 

Peu de toxicités ont été observées lors de la reprise avec seulement 2 effets adverses de grade 3 et aucun de grades 4 et 5. 

La conclusion des auteurs est que l’osimertinib réadministré après progression chez des patients ayant déjà reçu de l’osimertinib a une activité modérée et peu de toxicité. 

Nous avions commenté sur ce site en mars 2017 une importante étude rétrospective (cliquer ici), menée chez 205 patients ayant une mutation usuelle de l'EGFR (et aucun une mutation T790M) , dont 92% avaient eu une maladie contrôlée et qui reprenaient , lors de la progression, un inhibiteur de la tyrosine kinase de première génération : les taux de réponse et la survie sans progression observés pour la reprise du traitement étaient à peu près la moitié de ceux observés lors du premier traitement.  Par ailleurs, un intervalle entre la premier et le deuxième traitement supérieur à 7 mois, et une  survie sans progression  longue  lors du premier traitement étaient en analyse multivariée, les facteurs significativement associés à la survie sans progression du  deuxième traitement.

Cette étude, avec des effectifs plus réduits, retrouve à peu près les mêmes résultats avec l’osimertinib chez des malades qui avaient une mutation usuelle associée à une mutation T790M.  

Sans doute ces résultats auraient-ils été meilleurs si près d’un quart de patients qui ont été inclus dans cette étude n’avaient pas progressé lors de la première administration car il nous semble que la probabilité dans ce cas d’observer une réponse est quasi-nulle. 

Comme dans l’étude citée plus haut, nous devrions probablement réserver ces reprises de traitement au seuls malades qui ont eu un long intervalle entre la premier et le deuxième traitement et une survie sans progression initiale prolongée.   

 

Reference

Re-administration of osimertinib in osimertinib-acquired resistant non-small-cell lung cancer.

Ichihara E, Hotta K, Ninomiya K, Kubo T, Ohashi K, Rai K, Tanaka H, Tabata M, Maeda Y, Kiura K.

Lung Cancer2019; 132 : 54-58

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer