Lung Cancer

L’ADN circulant, un outil qui ouvre des perspectives multiples pour l’avenir

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2017

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

L’objet de la publication de Sorber et al est de faire le point sur les applications actuelles et futures des analyses de l’ADN circulant en oncologie.  Historiquement, la découverte de l’ADN circulant date de 1948 par Mandel et Metais et son application en médecine s’est faite dans de nombreux domaines, notamment dans la recherche de diagnostics prénataux non invasifs sur l’ADN fœtal chez les femmes enceintes.

En oncologie, les applications potentielles sont multiples et particulièrement intéressantes, sous réserve de conditions pré-analytiques parfois contraignantes. En effet, le plasma contient naturellement des nucléases qui permettent un turn over des bases et dénaturent l’ADN. Les tubes EDTA contiennent un anticoagulant qui inhibe ces DNases et permettent cette recherche d’ADN à la condition d’être techniqués dans les 2h après le prélèvement. L’alternative est d’utiliser des tubes contenant des agents préservants (tels que les tubes STRECK) utilisés dans le diagnostic prénatal, qui permettent non seulement d’inhiber les DNases mais également d’éviter le relargage d’ADN des cellules nucléées du sang. Ils permettent des analyses plusieurs jours après le prélèvement, même à température ambiante.

L’analyse de l’ADN tumoral a connu un développement très rapide ces dernières années à travers de nombreuses plateformes. L’article revient sur les différentes techniques utilisées (RT-PCR, PCR digitale, BEAMing, NGS…) expliquant les principes, limites et intérêts de chacune.

Les implications quotidiennes ou futures sont nombreuses:

  • L’ADN tumoral pourrait constituer une aide au monitoring de la tumeur, en plus de l’imagerie. L’utilisation en dépistage pourrait même s’envisager, des études ayant confirmer que la recherche d’ADN tumoral était discriminante même entre des stades précoces (I à III) et des sujets sains. La détection des rechutes pourraient de la même façon être facilitée, chez des patients connus comme étant porteur de cancer bronchique et en rémission après traitement d’induction.  
  • L’analyse de l’ADN circulant permet déjà d’identifier certains mécanismes de résistance impliqués dans la progression après traitement, comme par exemple les mutations T790M survenant après TKI de première ou deuxième génération chez les patients mutés EGFR (voire la mutation C797S après osimertinib). Le développement du NGS pourra permettre la même chose chez les patients réarrangés ALK.
  • La diminution du taux d’ADN circulant pourrait permettre de prédire très précocement la réponse au traitement
  • Enfin, l’ADN tumoral permet déjà d’effectuer de nombreuses analyses lorsque la biopsie tissulaire n’est pas possible, ou le matériel tumoral épuisé.

Enfin, l’analyse de l’ARN tumoral pris en charge par les plaquettes pourrait constituer une piste intéressante dans la recherche de réarrangement ALK et pourrait même constituer un facteur prédictif de réponse et de survie sous crizotinib.

Cette publication très complète et accessible aux néophytes permet de replacer chaque technique et son intérêt actuel ou futur dans le diagnostic, le pronostic ou le monitoring de nos patients. Il y a fort à parier que l’imagerie ne constitue plus dans les prochaines années l’unique élément de réponse au traitement anticancéreux. 

Reference

Circulating cell-free nucleic acids and platelets as a liquid biopsy in the provision of personalized therapy for lung cancer patients.

Sorber L, Zwaenepoel K, Deschoolmeester V, Van Schil PE, Van Meerbeeck J, Lardon F, Rolfo C, Pauwels P.

Lung Cancer 2017; 107 : 100-107

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer