Lancet oncology

L'Anamorelin, un nouveau traitement pour la cachexie dans le cancer du poumon

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2016

Qualité de vie / Soins palliatifs

L’anorexie et la cachexie qui en résulte sont des symptômes fréquents dans les cancers broncho-pulmonaires et très peu d’options thérapeutiques sont disponibles mais on sait que l’activation des récepteurs de ghréline peut être une option car elle a un effet anabolique et augmente la prise d’aliments et le poids.

Nous avions il y a un an commenté sur ce site une étude de phase II industrielle, randomisée contre placebo, avec l’anamorelin, un agoniste  sélectif des récepteurs de ghréline, menée chez des patients qui avaient une cachexie définie par un amaigrissement involontaire d’au moins 5% dans les 6 mois précédents (cliquer ici). L’objectif principal était le changement de poids dans les 12 premières semaines de traitement.

Pendant les 3 mois de l’étude, la moyenne des poids avait augmenté de 1,89 kg chez les patients traités par ce traitement expérimental, tandis qu’elle diminuait de 0,2 kg chez ceux qui avaient reçu un placebo. Il y avait parallèlement une augmentation de la force musculaire et de la qualité de vie.

Ce traitement paraissait donc actif et nous avions mentionné l’existence de 3 études de phase III, les études  Romana 1, 2 et 3,  qui étaient en cours dans les  cancers bronchiques non à petites cellules.

Voici dans cet article les résultats des études Romana 1 et 2 menées l’une dans 15 pays et l’autre dans 7 avec un schéma identique : les patients devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules de stade III ou IV, une cachexie définie par un amaigrissement involontaire d’au moins 5% du poids dans les 6 derniers mois ou par un BMI <20 et un PS de 0 à 2.  Ils étaient randomisés sur un mode 2/1 pour recevoir pendant 3 mois, soit de l’anamorelin, soit un placebo. Après cette période, ils pouvaient être inclus dans une cohorte d’extension pour encore 3 mois (Romana 3, dont les résultats seront publiés ultérieurement).

Deux co-objectifs principaux étaient le changement de masse corporelle maigre et de la force de préhension des mains à l’inclusion et à 12 semaines. 

Les objectifs secondaires étaient les changements de masse corporelle et de symptômes liés à la cachexie.

Au total, 484 et 495 patients ont été enrôlés dans les études ROMANA 1 et 2. Dans les deux étude la masse corporelle maigre s’est améliorée de façon significative en 12 semaines, sans bénéfice sur la force de préhension des mains et sans excès de toxicité liée au traitement.

La différence médiane de masse corporelle maigre entre le bras expérimental et le bras contrôle était voisine de 1,5 kg :

- dans l’étude ROMANA 1, l’augmentation  médiane est de 0,99 kg (0,61-1,36) vs dans le bras contrôle une diminution  de 0,47 kg (–1,00 - 0,21),

p<0,0001,

- dans l’étude ROMANA 2, l’augmentation  médiane est 0,65 kg (0,38-0,91) vs dans le bras contrôle une diminution 0,98 kg (–1,49 - –0,41], p<0,0001.

L’anamorelin est donc une option thérapeutique intéressante dans un domaine thérapeutique où on ne disposait jusqu’à maintenant  d’aucun traitement efficace.

 

Reference

Anamorelin in patients with non-small-cell lung cancer and cachexia (ROMANA 1 and ROMANA 2): results from two randomised, double-blind, phase 3 trials.

Temel JS, Abernethy AP, Currow DC, Friend J, Duus EM, Yan Y, Fearon KC.

Lancet Oncol 2016 Feb 19 [Epub ahead of print

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Revue : British Journal of Cancer