Lung Cancer

L’antibiothérapie modifie-t-elle l’activité de l’immunothérapie

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2019

Immunothérapie

Parce que plusieurs études ont montré qu’il y avait un lien entre le microbiote intestinal et l’efficacité des anti PD-1 (cliquer ici), il est logique de chercher si l’antibiothérapie peut modifier l’activité de l’immunothérapie. C’est l’objectif de cette étude rétrospective chinoise menée à Shanghai chez des patients qui ont débuté entre janvier 2016 et janvier 2018 une immunothérapie par anti PD-1 ou PD-L1. Pour être inclus dans cette étude, les patients pouvaient recevoir une immunothérapie  en monothérapie (n=57), ou en combinaison avec une chimiothérapie (n=33) ou un anti- angiogénique (n=19), quelle que soit la ligne de traitement (n=28 en première ligne) et . La seule condition nécessaire était que leur tumeur soit évaluable pour la réponse. 

Deux groupes étaient constitués :

  • Un groupe antibiothérapie qui était constitué par les patients qui recevaient des antibiotiques un mois avant ou après la première administration d’immunothérapie (n=20).
  • Le groupe sans antibiothérapie était constitué par tous les autre patients (n=89). 

Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties à l’exception des mutations de  KRAS (significativement plus nombreuses  dans le groupe antibiothérapie) et du fait d’être traité dans un essai clinique (significativement moins nombreux dans le groupe antibiothérapie). 

Pour l’ensemble de la cohorte, l’usage d’antibiotiques était associé avec une survie sans progression médiane significativement plus courte  (3,73 versus 9,63 mois; p<0,0001) et une survie médiane également significativement plus courte  (6,07 versus 21,87 mois; p=0,0021). Il existait aussi une augmentation non significative des progressions (35 vs 18%). Ces différences significatives de survies sans progression et de survie globale ont été retrouvées chez les 57 patients traités par une immunothérapie en monothérapie et chez les 19 traités par immunothérapie et anti-angiogénique. En revanche aucune différence significative n’a été retrouvée parmi les 33 patients traités par immunothérapie et chimiothérapie. 

Comme les inhibiteurs de la pompe à protons sont aussi susceptibles de modifier la composition du microbiote intestinal, les auteurs ont également recherché si la prise de ces médicaments dans le mois qui précédait ou suivait le début de l’immunothérapie était susceptible de modifier significativement la survie sans progression et la survie globale : aucune différence significativement n’a été observée. 

Les auteurs ont enfin recherché si l’administration d’antibiothérapie dans le mois qui précédait ou suivait le début de l’immunothérapie était susceptible de modifier la fréquence de la toxicité immunologique de ce traitement : aucune différence significative n’a été observée. 

En analyse univariée, la survie sans progression était significativement modifiée par : 

  • l’absence d’antibiothérapie dans le mois qui précédait ou suivait le début de l’immunothérapie (HR = 0,32). 
  • Un PS à 0 ou 1 (HR = 0,20). 
  • L’histologie non- épidermoïde  (HR =0,60).
  • Un traitement de deuxième ligne ou plus (HR = 2,09).
  • Le fait de ne pas être inclus dans un essai clinique (HR = 2,11)

Les deux premiers facteurs étaient également significativement liés à la survie globale 

En analyse multivariée l’absence d’antibiothérapie dans le mois qui précédait ou suivait le début de l’immunothérapie restait un facteur pronostique indépendant pour la survie sans progression (HR = 0,29 (0 15-0,56), p<0,0001) et pour la survie globale  (HR = 0,35 (0 16-0,77), p = 0,009).

Les résultats très intéressants de cette étude doivent être nuancés par le fait qu’elle est rétrospective et unicentrique et que ses effectifs ne sont pas élevés. Néanmoins les différences sont extrêmement importantes. De plus ces résultats vont dans le même sens qu’une importante étude publiée dans Annals of Oncology dont nous avions commenté les résultats en juin dernier (cliquer ici)

Ces deux études doivent nous semble-t-il, sans attendre la confirmation de ces données, nous inciter à réserver l’antibiothérapie aux seuls malades qui présentent des indications indiscutables. 

 

Reference

Antibiotics are associated with attenuated efficacy of anti-PD-1/PD-L1 therapies in Chinese patients with advanced non-small cell lung cancer.

Zhao S, Gao G, Li W, Li X, Zhao C, Jiang T, Jia Y, He Y, Li A, Su C, Ren S, Chen X, Zhou C.

Lung Cancer2019; 130 : 10-17

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer