Cancer

Le bévacizumab dans un traitement néoadjuvant. Une étude de phase 2

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2016

Thérapeutique ciblée, Traitement péri-opératoire, Traitement des stades III, Chirurgie

Cette étude monocentrique de phase II chinoise est une étude académique qui évalue la faisabilité et l’efficacité d’un traitement d’induction par carboplatine, pemetrexed et bévacizumab chez des patients qui ont un adénocarcinome bronchique jugé non opérable.

Pour être inclus, les patients ne devaient pas avoir plus de 65 ans, devaient avoir un adénocarcinome prouvé de stade IIIA ou IIIB et un PS de 0 ou 1.

Après une première évaluation, les patients recevaient 4 cycles comportant carboplatine AUC 5, pemetrexed, 500 mg/m2 et bévacizumab 7,5 mg/kg. Ils étaient ensuite réévalués, l’objectif principal étant le taux de résécabilité. Les objectifs secondaires étaient le taux d’effets secondaires de cette chimiothérapie, les complications péri-opératoires, la survie sans événements (progression ou décès quelle que soit la cause) et la survie globale.

En 2 ans, 42 patients ont été inclus. Ils étaient particulièrement jeunes (âge médian de 56 ans). Près des 3/4  avaient un PS à 0. Le tiers d’entre eux étaient  non-fumeurs. Les tumeurs étaient périphériques dans 88% des cas.

Leur classification était IIIA, bulky N2[1] pour15 malades, T4 N2 pour 21 (50%) et N3 pour 6 malades. L’EBUS a été utilisé pour le bilan initial chez tous les patients.

Au total 39 des 42 patients ont reçu les 4 cycles prévus et 3 n’ont reçu que 2 cycles, du fait de 2 progressions et d’un décès lié au cancer. Cinq patients ont eu un ajustement de doses.

Toxicité

Les principaux effets secondaires évalués chez tous les patients sont rapportés ci dessous. On notera l’absence d’hémotysies, d’événnements thromboemboliques ou  de protéinuries. Aucun décès imputable au traitement n’a été rapporté :

 

Effets secondaires (n)

Total

Grade 3 ou 4

Epistaxis

3

0

HTA

2

1

Fatigue

12

5

Neutropénie

11

4

Anémie

4

1

Thrombopénie

3

1

 

Efficacité

Au total, 23 patients (54,8%) ont eu une réponse objective (22 réponses partielles et une réponse complète).  Par ailleurs 17 patients ont été jugés stables et 2 progressifs.

Trente et un patients (73,8%) ont été opérés, dont 9 stables (avec une diminution des lésions <30%). Tous les patients en réponse partielle ont été opérés mais le patient et réponse complète ne l’a pas été. On note que 3/6 N3 ont été opérés du fait d’un « downstaging » ganglionnaire.    

Parmi ces patients opérés, 22 ont été jugés en résection complète (RO), 20 des 22 patients en réponse partielle et  2 en stabilité.

La plupart des patients ont eu une lobectomie ou bilobectomie (n=20) mais 11 ont eu une pneumonectomie dont 7 des 9 stables.

Aucun décès post-opératoire n’est survenu. Douze complications ont été observées (1 empyème).

Actuellement le suivi médian est court à 14,3 mois et la survie médiane sans événements est de 15,4 mois.

Les réserves qu’on peut faire sur cette étude sont au nombre de deux :

  • c’est une étude monocentrique et les patients semblent extrêmement sélectionnés : ils sont jeunes, un tiers d’entre eux sont non-fumeurs et la très grande majorité d’entre eux ont des tumeurs périphériques.
  • Le suivi est pour l’instant très court.

Avec ces réserves, cette étude dont la méthodologie est tout à fait correcte montre bien, pour les malades qui ont ces caractéristiques, que le bévacizumab peut faire partie du traitement d’induction des cancers de stades III que nous appellerions plutôt « marginally resectable » que non résécables lorsque les malades atteints d’un adénocarcinome périphérique sont jeunes et ont un bon PS.

Notons enfin que, dans cette étude comme dans d’autres, ce sont presque uniquement les patients en réponse dont la résection est complète.     

 

[1] Les bulky N2 étaient définis par des ganglions ayant un petit diamètre >2 cm, un envahissement extracapsulaire, une atteinte de plusieurs chaines ganglionnaires, ou un groupe de multiples petits ganglions positifs.

 

Reference

Treatment of advanced non-small-cell lung cancer: Italian Association of Thoracic Oncology (AIOT) clinical practice guidelines.

de Marinis F, Rossi A, Di Maio M, Ricciardi S, Gridelli C.

Lung Cancer. 2011; 73 : 1-10. 

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer