Journal of Clinical Oncology

Le Burnout chez les oncologues

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2014

Qualité de vie / Soins palliatifs

Les oncologues travaillent beaucoup, supervisent l'administration de médicaments dangereux et surtout sont de façon permanente en contact avec des patients qui souffrent et décèdent. Pour toutes ces raisons, ils sont exposés au burnout.

C’est pour évaluer la fréquence de ce syndrome chez les oncologues américains qu’a été menée cette étude prospective de l’ASCO.

Trois mille oncologues ont été contactées par mail pour participer à une enquête et 1490 ont accepté. Ils étaient représentatifs à l’exception de leur ancienneté (les plus jeunes ont moins répondu). Leur âge médian était de 52 ans. Ils exerçaient dans un centre privé dans 43,2% des cas et dans un centre académique dans 33,8%. Ils travaillaient en moyenne 57 heures par semaine, dont 34 directement auprès des patients. Ils voyaient en moyenne 52 patients par semaine, significativement davantage dans le privé que dans le public (74,2 v 37,4; P<0,001), sans différence importante de temps passé pour chaque ancien ou nouveau patient.

Les médecins interrogés devaient répondre à un questionnaire, le MBI, Maslach Burnout Inventory,  qui avec 22 questions évalue d’une part l’épuisement professionnel qui témoigne d’une fatigue et de troubles du sommeil ressentis parfois rien qu’en  pensant au travail, et la dépersonnalisation ou la perte d’empathie à l’égard des malades. C’est le test de Maslach (http://www.medsyn.fr/perso/g.perrin/cyberdoc/doc/TestMaslach.htm). 

Trente huit % des oncologues ont un score d’épuisement émotionnel élevé et 25% un score de dépersonnalisation élevé. Ainsi 48% des oncologues ont au moins un symptôme de burnout (défini par un haut score émotionnel et/ou un haut score de dépersonnalisation).  Ces scores ne différaient pas entre les privés et les académiques. En revanche les scores de satisfaction professionnelle étaient élevés dans les deux groupes. La plupart seraient prêtes à recommencer la même carrières, significativement plus les académiques.

En analyse multivariée le jeune âge et le temps de travail hebdomadaire étaient significativement associés au risque de burnout : chaque année d’âge réduit le risque de 4 à 5%. Chaque heure de travail hebdomadaire supplémentaire l’augmente de 2 à 4%.

Curieusement certains facteurs tels que le fait d’avoir des enfants ou d’être une femme agissent différemment chez les oncologues privée et académiques : le fait d’avoir des enfants diminue significativement le risque  uniquement chez les privés ; en revanche, le fait d’être une femme n’accroit ce risque que chez les académiques.

Ce risque de burnout qui existe de façon élevé chez les oncologues (45% de ceux-ci l’ont expérimenté) ne semble pas supérieur à celui des autres catégories de médecin. Malgré tout, le degré de satisfaction professionnelle reste élevé.

Reference

Burnout and Career Satisfaction Among US Oncologists.

Shanafelt TD, Gradishar WJ, Kosty M, Satele D, Chew H, Horn L, Clark B, Hanley AE, Chu Q, Pippen J, Sloan J, Raymond M.

J Clin Oncol. 2014 Jan 27. [Epub ahead of print]

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer