Le cisplatine modifie la perception des odeurs alimentaires

Quinze patients traités par cisplatine à au moins 75 mg/m2 pour un cancer broncho-pulmonaire et 15 témoins ont été inclus dans cette étude prospective menée dans l’équipe de Pierre-Jean Souquet à Lyon. Leur odorat a été testé selon une échelle européenne (ETOC http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/14579654). Ces mesures étaient effectuées durant le premier et après le troisième cycle de chimiothérapie pour les malades et avec un intervalle de temps identique chez les témoins.

Dans un premier temps il a été vérifié que les odeurs de nourriture étaient bien perçues différemment (jugées plus « comestibles » et plus agréables) que les autres.

Pour les odeurs non alimentaires, aucune différence n’a été notée entre les malades et les témoins pour les qualificatifs des odeurs (détection, identification, appréciation du caractère agréable etc…).    

En revanche, pour les odeurs alimentaires, si aucune différence n’était mise en évidence pour la détection, l’identification ou la perception de l’intensité, il n’en était pas de même pour l’attribution de caractères familier ou agréable de ces odeurs qui diminuait sous chimiothérapie.

Les auteurs proposent plusieurs explications à ces modifications du caractère de l’odeur qui après administration de cisplatine n’était plus ressentie comme agréable : influence du souvenir des troubles digestifs induits par la chimiothérapie, action directe sur les récepteurs olfactifs. Pourquoi la perception des odeurs autres qu'alimentaires ne serait-elle pas dans ce cas modifiée ?

Cette étude est importante car elle sous-entend que l’odeur agréable des aliments stimule l’appétit et que son altération est probablement l’une des raisons essentielles de l’anorexie, elle même source d’altération de la qualité de vie et de dénutrition.