Journal of Thoracic Oncology

Le nivolumab, prescrit aux cancers non épidermoïdes, est il coût-efficace ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2016

Immunothérapie, Aspects médico-économiques

La question du rapport coût-efficacité des molécules approuvées dans le traitement des cancers bronchique se pose de plus en plus fréquemment, notamment depuis que les prix des dernières spécialités se sont envolés et que les dépenses de santé ont flambé. Les anticorps monoclonaux inhibiteurs de point de contrôle de l’immunité n’échappent pas à ce débat. C’est d’ailleurs l’objet de l’analyse publiée par un intergroupe Suisse qui a évalué le rapport coût-efficacité du nivolumab dans les carcinomes bronchiques non épidermoïdes et le rôle éventuel du statut PDL1 pour améliorer ce rapport.  

Le nivolumab a été jugé non coût-efficace dans les carcinomes épidermoïdes,  par deux évaluations, l’une du NICE (système de santé du royaume uni) l’autre canadien, qui tous deux retrouvaient un surcoût d’environ 150 000 $ par année de vie gagnée ajustée sur la qualité de vie (QALY).

La publication suisse concerne cette fois les non épidermoïdes, évalués à partir d’un modèle de Markov basé sur les résultats de l’étude Checkmate 057 (docetaxel versus nivolumab en deuxième ligne chez des patients avec un carcinome non épidermoïde en PS 0-1). Trois situations étaient analysée : l’ensemble des patients traités par docetaxel, l’ensemble des patients traités par nivolumab, et les patients traités selon leur statut PDL1 (plus de 1% des cellules ou plus de 10%).

Les calculs ont été effectués à partir des prix du système de santé suisse mais prenaient en compte le coût des molécules elles même, mais également des principaux effets secondaires attendus et des traitements à la progression.

Il en ressort que pour l’ensemble des patients, l’augmentation du coût lié au nivolumab est de 177 478 CHF/QALY. Même pour les patients PDL1 positifs (1% ou 10%) la probabilité d’être coût-efficace avec le nivolumab n’est que de 14 à 22% par rapport au docetaxel. En revanche, si l’on compare le nivolumab chez les PDL1 positifs versus les PDL1 négatif, cette sélection a 85-87% de probabilité d’être  coût/efficace. Les coûts ont néanmoins été potentiellement sous estimés du fait du nombre de patients traités de façon prolongée par le nivolumab (PFS à 1 an de 19%), ce qui pourrait rendre le nivolumab encore moins coût efficace.

Une des critiques potentielles de cette étude est le seuil retenu de 100 000 $/QALY retenu pour parler de coût-efficacité (dans la littérature, les seuils fluctuent entre 50 000 $ et 160 000 $). Néanmoins, les auteurs concluent :

- que de leur point de vue, le nivolumab n’est pas coût efficace dans les non épidermoïdes et que de fait, une réduction du prix de la molécule, bien en deçà du prix actuel, serait justifiée.

- que d’autre part, les patients potentiellement éligibles au nivolumab devraient être testés pour PDL1.

 

 

 

Reference

A Cost-Effectiveness Analysis of Nivolumab versus Docetaxel for Advanced Nonsquamous NSCLC Including PD-L1 Testing.

Matter-Walstra K, Schwenkglenks M, Aebi S, Dedes K, Diebold J, Pietrini M, Klingbiel D, von Moos R, Gautschi O; Swiss Group for Clinical Cancer Research..

J Thorac Oncol.2016 ; 11 : 1846-1855

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer