Journal of Thoracic Oncology

Le pronostic des patients atteints de CBNPC métastatiques ROS1 et traités par crizotinib diffère-t-il en fonction du gène de fusion ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2018

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Nous avons commenté sur ce site l’étude de phase I (cliquer ici) et l’étude européenne (cliquer ici) qui toutes deux montraient une importante activité du crizotinib chez  les patients qui présentent un réarrangement ROS1. 

On sait que pour l’EGFR l’activité des inhibiteurs de la tyrosine kinase n’est pas identique pour tous les types de mutation, en est-il de même pour ROS1 pour lequel il existe de nombreux gènes de fusion partenaires ? 

C’est la question à laquelle les auteurs de cette étude souhaitent  répondre à partir d’une série de 49 patients présentant un cancer bronchique non à petites cellules avancé ROS-1 positifs traité par crizotinib. 

Parmi ceux-ci, 36 avaient assez de matériel tumoral archivé pour déterminer le variant en cause. Comme le variant le plus commun est CD74-ROS1 les patients ont été divisés en deux groupes : CD74-ROS1 et non CD74-ROS1. 

Ces 36 patients étaient jeunes avec un âge médian de 50,8 ans (32-78). La plupart (n=31) étaient non-fumeurs.  Il y avait autant d’hommes que de femmes, presque tous avaient un PS à 0 ou 1 et tous ont reçu du crizotinib en première ligne (n=14),  deuxième ligne (n=15) ou troisième ligne ou plus (n =7). Six d’entre eux avaient des métastases cérébrales. 

La paire de fusion la plus fréquemment identifiée était effectivement CD74-ROS1. Celle-ci a été observée chez 16 patients. 

Les caractéristiques cliniques des patients des groupes du groupe CD74-ROS1 et du groupe non CD74-ROS1 ne différaient significativement que sur un point, la présence de métastases cérébrales : les 6 métastases cérébrales observées l’étaient toutes dans le groupe des CD74-ROS1 et cette différence était significative. 

Les patients du groupe non CD74-ROS1 avaient un taux de réponse un peu supérieur à celui des patients du groupe CD74-ROS1 (94 vs 74%) mais cette différence n’était pas significative.

La survie sans progression observée chez les patients du groupe non CD74-ROS1 était significativement plus longue que celle des patients du groupe CD74-ROS1 (17,6 mois vs 12,6 mois, p=0,048). En analyse univariée l’âge élevé, le tabagisme, la présence de métastases cérébrales et le type de variant étaient liés à la survie sans progression. En analyse multivariée aucun de ces facteurs n’était significativement

lié à la PFS.

La survie observée chez les patients du groupe non CD74-ROS1 était significativement plus longue que celle des patients du groupe CD74-ROS1 (44,5 mois versus 24,3 mois, p=0,036). Toutefois en analyse multivariée seules les métastases cérébrales initiales étaient pronostiques. 

Enfin, le taux de progression cérébrale sous crizotinib était plus élevé chez les patients du groupe non CD74-ROS1 (33 vs 21%) mais cette différence n’était pas significative. 

En résumé on peut retenir de cette étude que le fait d’avoir un variant autre que  CD74-ROS1 serait plutôt favorable : on aurait significativement moins de métastases cérébrales et la survie aurait tendance à être meilleure, mais cette différence de survie n’atteint pas la significativité. Ces données issues d’une seule étude rétrospective portent sur seulement 36 patients. Elles doivent donc être confirmées de façon prospective. 

 

Reference

Efficacy of Crizotinib among Different Types of ROS1 Fusion Partners in Patients with ROS1-Rearranged Non-Small Cell Lung Cancer.

Li Z, Shen L, Ding D, Huang J, Zhang J, Chen Z, Lu S.

J Thorac Oncol2018; 13 : 987-995

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