Lung Cancer

Le ratio neutrophiles circulants/lymphocytes est-il prédictif de l’efficacité de l’immunothérapie ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2019

Immunothérapie, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

L’identification de biomarqueurs robustes pour sélectionner les meilleurs patients à traiter sous inhibiteurs de point de contrôles immunitaires reste à ce jour un besoin non satisfait . Bien sûr, l’expression de PDL1 à la surface des cellules tumorales constitue une façon de sélectionner les patients qui peuvent recevoir une IO en monothérapie en première ligne mais cette expression sur plus de 50% des cellules ne concerne qu’environ 30% des patients. La charge mutationnelle constitue peut-être une piste intéressante pour sélectionner les patients sous ipilimumab+nivolumab. Néanmoins les dernières données actualisées ne retrouvaient pas de caractère prédictif pour la survie globale.

Le ratio neutrophiles circulants/lymphocytes (ration N/L) a également été proposé comme biomarqueur potentiel, les neutrophiles étant le reflet de l’inflammations systémique tandis que les lymphocytes témoigneraient de la réponse immunitaire spécifique. Un haut ratio N/L serait donc associé à de moins bons résultats d’efficacité sous IO. Toutefois, les résultats issus généralement de petites études, retrouvent des conclusions variables. 

Les auteurs de la publication commentée ici ont donc réalisé une métaanalyse des études publiées sur le sujet pour tenter d’obtenir une réponse quant à l’intérêt ou non d’utiliser ce ratio dans le cancer bronchique non à petites cellules. 

A partir de 236 publications sélectionnées initialement, ce sont finalement les données de 1700 patients issues de 16 publications qui ont pu être analysées (15 études rétrospectives et 1 prospective). Les molécules utilisées étaient majoritairement le nivolumab et le pembrolizumab. Parmi les 12 études apportant des informations sur la survie globale, on retrouve une survie globale significativement meilleure chez les patients ayant un faible ratio N/L (16.0 versus4.7 mois, p<0.001). Les résultats poolés montrent que le haut ratio N/L est associé à une OS significativement plus courte (HR=2.07 ; CI95% 1.70-2.44 ; p<0.001). Le cut offdiscriminant est à 5. Ce ratio peut être déterminé avant ou après IO, les résultats semblent reproductibles. 

Concernant la survie sans progression, 12 études rapportent des données qui permettent là aussi d’isoler une moins bonne PFS en cas de haut ratio N/L, à 1.9 mois versus4.7 mois, p<0.001), l’analyse poolée retrouvant un HR à 1.59, CI95% 1.29-1.96, p<0.001). Là aussi, le ratio avant ou après traitement est prédictif de la PFS (même si dans le cas de la PFS, l’intérêt du caractère prédictif après traitement peut être discuté). De façon plus intéressante, les auteurs ont identifié une corrélation entre les HRs de PFS et d’OS, quels que soient les cut offretenus pour le ratio, ce qui fait que la PFS pourrait constituer un marqueur de substitution pour l’OS. 

Il s’agit d’une métaanalyse spécifiquement dédiée aux cancer bronchiques non à petites cellules, très intéressante qui montre clairement une moins bonne PFS et une moins bonne OS pour les patients ayant un fort ratio N/L, même après analyse stratifiée sur l’année de publication, la région, le design de l’étude, le test PDL1 utilisé, la taille des échantillons ou encore le cut offdu ratio choisi. 

Le ratio N/L pourrait donc constituer un biomarqueur bon marché, facile à utiliser et à reproduire. Son élévation sous traitement à la 6eme semaine avait également été montrée comme facteur de moins bonne survie dans une autre études. Des études prospectives incluant ce biomarqueur permettraient de le valider correctement.

Reference

Clinical value of neutrophil-to-lymphocyte ratio in patients with non-small-cell lung cancer treated with PD-1/PD-L1 inhibitors.

Jiang T, Bai Y, Zhou F, Li W, Gao G, Su C, Ren S, Chen X, Zhou C.

Lung Cancer2019; 130 : 76-83

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer