Lung Cancer

Le statut moléculaire des patients HIV positifs. Des données françaises.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2016

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Cancer et VIH

Dans une démarche cherchant à expliquer pourquoi le pronostic des cancers bronchiques non à petites cellules qui surviennent chez des patients contaminés par le virus HIV est particulièrement grave, il n’était pas inutile de s’intéresser au statut moléculaire de ces malades.

C’est le but poursuivi par cette étude française rétrospective menée dans 2 centres universitaires parisiens entre 1996 et 2013. Soixante treize patients ont été identifiés et chez 63 d’entre eux le statut EGFR et KRAS a pu être déterminé. Les caractéristiques des 63 patients dont le statut mutationnel a été déterminé  et des 10 chez lesquels il n’a pas pu l’être étaient réparties de façon identique.

L’âge moyen était particulièrement  jeune à 51 ans. Il y avait 85% d’hommes et presque tous les patients étaient d’origine caucasienne. Il n’y avait aucun non-fumeur, 20% d’anciens fumeurs et 80% de fumeurs actifs avec un tabagisme moyen élevé à 35 PA. Quatre malades sur 5 avaient un adénocarcinome et près des 2/3 un cancer de stade étendu ou métastatique.

Le nombre médian de lymphoocytes  CD4 était de 450 cell/µl et 20% des malades en avaient moins de 200. Les ¾ recevaient un traitement antirétroviral. La survie médiane de l’ensemble des malades était de 13,2 mois, 30,4 pour ceux qui avaient un cancer de stade I à IIIA inclus et 8,9 pour ceux qui avaient un cancer de stade IIIB ou IV.

Deux patients avaient une mutation activatrice de l’EGFR (délétion 19). Tous deux ont reçu de l’erlotinib et ont eu des réponses pendant 14 et 15 mois.  Les interférences entre erlotinib et ritonavir ont été à l’origine d’une toxicité cutanée limitante qui a conduit à remplacer avec succès l’erlotinib par le gefitinib.

Sept patients avaient une mutation KRAS et le plus souvent il s’agissait de cancers localisés.

En analyse univariée l’arrêt du tabac, l’utilisation du meilleur  traitement antirétroviral (HAART)  et l’existence de mutations EGFR étaient des facteurs pronostiques favorables. Un compte de CD4 <200 et une mutations KRAS étaient au contraire défavorables. En analyse multivariée seuls ces deux derniers facteurs étaient significativement liés à un pronostiques défavorable (le statut EGFR n’étant qu’une tendance).

Les auteurs soulignent en conclusion à juste titre qu’un diagnostic moléculaire doit être effectué en routine chez ces patients, comme chez tous les patients atteints de cancers non épidermoïdes. Ils insistent également sur le fait que la cessation du tabagisme doit être proposée à tous les patients. Ils introduisent la notion que ceux qui présentent un tabagisme actif et un statut KRAS positif seront probablement de bons candidats à l’immunothérapie.

Reference

EGFR and KRAS mutation status in non-small-cell lung cancer occurring in HIV-infected patients.

Créquit P, Ruppert AM, Rozensztajn N, Gounant V, Vieira T, Poulot V, Antoine M, Chouaid C, Wislez M, Cadranel J, Lavole A.

Lung Cancer 2016; 96 : 74-7

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer