Lung Cancer

Le talcage des pleurésies malignes modifie-t-il la survie de celles-ci ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2019

Mésothéliomes, Traitement des stades IV, Qualité de vie / Soins palliatifs, Chirurgie

Les épanchements pleuraux métastatiques sont volontiers considérés comme des éléments péjoratifs pour la survie des patients qui généralement se compte alors en mois. Lorsque le poumon ne présente pas de motif de mauvaise réexpension, un talcage peut être proposé. Dans les autres cas, des cathéters tunnelisés, tels des PleurX ou équivalents, peuvent être mis en place. Des données assez anciennes avaient laisser penser que le talcage pourrait être associé à un meilleur devenir des patients, mais cette technique étant réservée a des patients en bon état général, un biais de sélection avait été rapidement suspecté. Néanmoins, une étude plus récente n’ayant inclus que des patients en bon état général, retrouvait des résultats qui allaient dans le même sens.

L’étude rapportée ici est une étude anglaise, basée sur deux Datasets distincts :

- le premier comprends 69 patients traités dans le centre spécialisé en pathologies pleurales d’Oxford. Seuls les patients ayant survécu plus d’un mois ou pour lesquels les données de survies sont disponibles au-delà d’un mois, ont été inclus. Les patients étaient soit talqués par poudre au cours d’une vidéothoracoscopie, soit talqué en liquide par le drain pleural (slurry talcage). Un échec de procédure était défini par la nécessité d’utiliser une technique supplémentaire dans les 3 mois suivant le geste. Finalement 60 patients sont analysables.

- Le second Dataset inclus les patients de l’essai TIME1, qui étudiait de façon prospective le lien entre la taille des drains, les antalgiques utilisés sur la douleur et la réussite des talcages pleuraux (n=285 patients). Les patients de l’étude qui ont survécu plus d’un mois et pour lesquels les données sur le succès de la procédure étaient disponibles, ont été inclus dans cette analyse post hoc. Là ce sont 259 patients qui étaient finalement analysables. 

  1. Les résultats du premier groupe montrent une survie globale pour l’ensemble des patients de 11 mois (95% CI 6.62–15.37 mois). La survie médiane pour ceux dont le talcage a été un succès était de 16 mois (95% CI 8.06–23.93), alors qu’elle n’était que de 5 mois (95% CI 2.57–7.48), p = 0.007 (log rank test) chez les patients chez lesquels la procédure avait été un échec. L’Odds Ratio ajusté pour une mauvaise survie en cas d’échec de pleurodèse est de 2.85 (95% CI 1.08–7.50, =p 0.034).
  2. Les résultats du second groupe montrent que 79 patients sont vivants à un an, 70 ayant eu un succès de talcage, et 9 seulement ayant eu un échec. On retrouve des résultats très similaires au premier groupe, les patients en échec de talcage n’ayant que 6.4 mois de médiane de survie (95% CI 4.87–7.93) contre 11 mois pour les patients chez lesquels le geste a été un succès (95% CI 10.81–11.18) (p=0.001). 

Ces données confirment donc ce qui avait été rapporté récemment. Cette différence de survie en fonction du succès ou non du talcage persiste même après ajustement sur des variables importantes telles que le type de cancer d’origine, le taux de LDH pleural, les traitement systémiques reçus et même l’atélectasie initiale du poumon. Les auteurs soulignent toutefois que la série vient majoritairement d’Angleterre et qu’elle a inclus un très grand nombre de mésothéliomes. Ils ne proposent néanmoins pas d’analyse complémentaire en excluant les mésothéliomes. 

Parmi les explications avancées pour ce bénéfice en survie, les auteurs évoquent la réaction inflammatoire produite par le talc, qui pourrait rendre la réaction immunitaire anti tumorale plus efficace. 

En conclusion, les auteurs souhaitent remettre en avant l’efficacité des talcages en regard des poses de plus en plus fréquentes de PleurX (ou équivalents) qui se développent depuis quelques années. 

 

 

 

 

Reference

Survival in patients with malignant pleural effusion undergoing talc pleurodesis.

Hassan M, Mercer RM, Maskell NA, Asciak R, McCracken DJ, Bedawi EO, Shaarawy H, El-Ganady A, Psallidas I, Miller RF, Rahman NM.

Lung Cancer 2019; 137 : 14-18

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