Annals of Oncology

L’Eribuline, une nouvelle chimiothérapie active dans les cancers bronchiques non à petites cellules ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2017

Traitement des stades IV

L’eribuline est un poison du fuseau cellulaire enregistré dans le cancer du sein métastatique en échec thérapeutique après une chimiothérapie comprenant anthracycline et taxane. Son efficacité a été étudiée dans plusieurs essais de phase II dans le cancer broncho-pulmonaire qui font état d’un taux de réponse en monothérapie allant de 5 à 13%.

L’étude publiée ici est une étude multicentrique et internationale de phase III à promotion industrielle comparant, chez des patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules avancés, eribuline (administré à 1,4 mg/m2 à J1 et J8 de cycles de 21 jours) à une chimiothérapie dont le choix était laissé libre au clinicien parmi les quatre médicaments suivants : vinorelbine, gemcitabine, docetaxel ou pemetrexed.

Ces patients devaient avoir reçu au moins 2 lignes de chimiothérapie, incluant une bithérapie avec du platine et un inhibiteur de la tyrosine kinase s’ils étaient mutés.

L'objectif principal était la survie globale et les objectifs secondaires la survie sans progression et le taux de réponse.

Cette étude a été réalisée dans 92 sites répartis dans 14 pays. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties et la plupart des patients avaient reçu au moins 3 lignes de chimiothérapie : plus de 99% avaient reçu une bithérapie à base de platine et autour de 20% un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR.

Les principaux résultats ont été résumés sur le tableau ci-dessous :

 

Eribuline

Chimiothérapie standard

p

Survie globale (Médiane en mois)

9,5

9,5

0,13

PFS (Médiane en mois) 

3

2,8

0,39

Taux de réponse (%)

12,2

15,2

 

Stabilité

51,1

42,6

 

Taux de contrôle (%)

63,3

57,8

 

Neutropénies de grade ≥3 (%)

48,7

31,7

 

Anémies de grade ≥3 (%) 

22

7,1

 

Ces résultats montrent que l’eribuline n’a pas, en troisième ligne et plus, d’activité supérieure à une chimiothérapie par vinorelbine, gemcitabine, docetaxel ou pemetrexed. En revanche, son activité n’est pas nulle, marquée surtout par des stabilités probablement assez courtes puisque la survie sans progression médiane n’est que de 3 mois. La toxicité est acceptable et on notera que chez ces malades, dont près de la moitié ont reçu 3 ou 4 lignes de chimiothérapie, 54 et 57% ont pu recevoir encore un autre traitement après cet essai clinique.

Quel va être maintenant l’avenir de l’eribuline dans le cancer bronchique non à petites cellules à l’heure des thérapeutiques ciblées et de l’immunothérapie ? Il n'est pas certain, nous semble-t-il, que cette étude permette l’enregistrement pour la troisième ligne ou plus ? Le profil de toxicité de ce médicament qui parait assez favorable va-t-il permettre de développer des associations avec les thérapeutiques ciblées ou l’immunothérapie ?  

 

 

 

Reference

A randomized, open-label, multicenter, phase 3 study to compare the efficacy and safety of eribulin to treatment of physician's choice in patients with advanced non-small cell lungcancer.

Katakami N, Felip E, Spigel DR, Kim JH, Olivo M, Guo M, Nokihara H, Yang JC, Iannotti N, Satouchi M, Barlesi F.

Ann Oncol 2017; 28 : 2241-2247

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Revue : British Journal of Cancer