Journal of Thoracic Oncology

L’erlotinib et le gefitinib ont-ils la même efficacité chez les patients qui présentent une mutation activatrice de l’EGFR ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2014

Thérapeutique ciblée

De nombreuses études ont comparé gefitinib et erlotinib de façon rétrospective, en voici encore une.

Cette étude rétrospective coréenne a été réalisée à partir d’une série de 375 patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules, présentant soit une délétion de l’exon 19, soit une mutation L858R de l’exon 21 et qui ont été traités par erlotinib ou gefitinib.

Des paires appariées sur le sexe, le tabagisme, le PS et le type de mutations ont été constituées pour éviter au maximum les biais dans cette comparaison des patients traités par erlotinib et gefitinib.

Les caractéristiques des patients en ce qui concerne ces variables étaient donc les mêmes.

Seul différait significativement  le nombre de lignes de chimiothérapies antérieures comme le montre le tableau ci dessous : a noter surtout que la proportion des patients sous gefitinib en première ligne de traitement, était plus de deux fois supérieure à celle des patients sous erlotinib. 

Nombre de lignes de chimiothérapie antérieures

Total

Gefitinib

Erlotinib

p

0

63

43 (35,5)

20 (16,5)

0,001

1

147

65 (53,7)

82 (67,8)

≥2

32

13 (10,7)

19 (15,7)

Le taux de réponse dans le groupe gefitinib ne différait pas de celui du groupe erlotinib (76,9 vs 74,4%, p=0,5). La survie sans progression  médiane, bien qu’un peu supérieure pour les patients du groupe gefitinib,  ne différait pas non plus significativement (11,7 vs 9,6 mois).

En analyse univariée, pour l’ensemble des patients,  le nombre de lignes était significativement pronostique pour la survie sans progression  (12,9 mois pour la première ligne vs 9,9 mois). Elle ne l’était pas en analyse multivariée.

Chez 63 patients (26%) traités en première ligne les taux de réponse des patients traités par gefitinib ou erlotinib étaient de 76,7 et 90% respectivement sans que cette différence ne soit significative (p  = 0,431). Par ailleurs, la survie sans progression  médiane était plus élevée sous erlotinib mais de façon non significative (14,5 mois vs 11,7 mois) de même que la survie globale médiane (non atteinte vs 24,5 mois).

Les auteurs nous disent que la tolérance «était bonne », que des réductions de doses ont été plus fréquentes sous erlotinib et qu’aucun décès toxique ou pneumopathie interstitielle diffuse n’a été observé.

Les conclusions des auteurs font état d’une même efficacité pour ces deux traitements. Il nous semble que ces conclusions sont à adopter avec prudence, d’abord parce que cette étude est rétrospective et qu’on ne sait pas bien comment s’est fait le choix entre les deux traitements, mais aussi parce que beaucoup plus de patients qui recevaient du gefitinib ont été traités en première ligne. Il est vrai que si, dans cette étude, l’impact de la ligne de traitement sortait en première ligne en analyse univariée, il ne sortait pas en analyse multivariée.

Une méta-analyse très récente en accès libre sur PLOS one a comparé quatre inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24533047). Elle a été réalisée à partir de 12 études de phase III réunissant 1821 participants présentant des mutations activatrices de l’EGFR.  Elle conclue que ces deux médicaments ont des profils d’efficacité et de toxicité différents.

Reference

Comparison of Clinical Outcomes Following Gefitinib and Erlotinib Treatment in Non–Small-Cell Lung Cancer Patients Harboring an Epidermal Growth Factor Receptor Mutation in Either Exon 19 or 21

Lim SH, Lee JY, MD, Sun JM, MD, Ahn JS,  Park K, Ahn MJ

J Thorac Oncol 2014; 9 : 506–511

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