Cancer

Les malades atteints de CBNPC métastatiques sont-ils sous traités ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2015

Traitement des stades IV

Aux Etats Unis comme au Canada, où a été menée cette étude dans la province d’Ontario, entre 2005 et 2009, il semble que beaucoup de patients soient sous traités. Cette étude a été réalisée à partir d’un registre incluant pour cette période 8113 patients présentant un cancer bronchique non à petites cellules métastatique. Leur âge médian était de 68 ans (28-96 ans).

Les 3/4 (76%) des patients n’ont pas reçu de chimiothérapie. Seulement 16 % ont reçu une ligne de chimiothérapie et 8% deux lignes. 

Pendant cette période, le pemetrexed et le bevacizumab n’étaient pas enregistrés en Ontario pour la première ligne.

Pendant ces 4 ans, le pourcentage de patients traités a légèrement mais significativement augmenté de 19 à 26%. Le lieu de traitement (hôpital régional ou centre spécialisé) n’intervenait pas.

L’âge supérieur à 70 ans était significativement lié à la probabilité de ne pas recevoir de chimiothérapie et l’histologie adénocarcinome à celle de recevoir une chimiothérapie.

La médiane de survie de l’ensemble des patients qui ne recevaient pas  de chimiothérapie était de 3,3 mois. Celle des patients qui ont reçu une chimiothérapie de première ligne de 8,2 mois et celle des patients qui ont reçu 2 lignes de 16,2 mois.

Cette intéressante étude a malheureusement une lacune importante : on ne connaît rien des caractéristiques cliniques des patients, ce qui est particulièrement ennuyeux quand on sait que l’indice d’activité et le nombre de comorbidités jouent un rôle  essentiel dans la décision thérapeutique. De ce fait on ne peut que faire des hypothéses à la lecture de cette étude. Il est possible que ces patients soient sous traités mais il est aussi possible que leur état général soit plus mauvais.  C'est  néanmoins improbable que le PS ou les comorbidités expliquent ces chiffres, puisque le délai entre le diagnostic et la consultation oncologique est de 1 mois, ce qui n’est pas extrêmement long. Et puis en Colombie Britannique, où le même problème s’est posé, seulement un peu plus du tiers des patients avaient un PS ≥3. Alors s’agit-il de problèmes économiques ? Probablement pas, puisque, lorsqu’ils étaient traités  la plupart des patients  recevaient un traitement peu couteux associant du platine et de la gemcitabine. 

Il est vraisemblable qu’un certain nihilisme des malades, et peut-être aussi des médecins, joue un rôle. C’est dommage, car la survie de ces patients, lorsqu’ils  ont reçu deux lignes de traitement, est voisine de celle qui est observée dans les essais thérapeutiques.  

Reference

Real-world chemotherapy treatment patterns in metastatic non-small cell lung cancer: Are patients undertreated?

Sacher AG, Le LW, Lau A, Earle CC, Leighl NB.

Cancer 2015; 121 : 2562-9

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer