Cancer

Les mutations complexes de l’EGFR : une importante étude rétrospective chinoise

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2018

Thérapeutique ciblée, EGFR, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Les mutations complexes de l’EGFR, c'est à dire l’addition de plusieurs mutations au sein d’une même tumeur, sont rares et les données concernant leur sensibilité aux inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR sont peu nombreuses et souvent opposées. 

L’étude publiée ici qui a été réalisée à Shanghai de 2011 à 1017 porte sur les patients qui ont des mutations EGFR complexes, qui ont été traités par un inhibiteur de la tyrosine kinase de première génération en première ligne et qui avaient suffisamment de données cliniques disponibles. 

A partir de 16840 patients, ont été identifiés 5898 patients mutés dont 187 (3,2%) avaient des mutations complexes. 

Parmi ces patients, seuls 51 ont été éligibles pour l’analyse, les autres étant écartés pour diverses raisons (pas de traitement par inhibiteur de la tyrosine kinase de première génération, association d’un inhibiteur de la tyrosine kinase et d’une chimiothérapie ou d’une radiothérapie, traitement adjuvant, histologie épidermoïde, traitement de deuxième ligne ou troisième ligne). 

Ces 51 patients ont été classés en 3 groupes :

  • Groupe A : délétion 19 et mutation L858R (n=15)
  • Groupe B : délétion 19 ou mutation L858R et mutation atypique (n=16)
  • Groupe C : double mutation atypique (n=8)
  • Groupe D : présence d’emblée d’une mutation de résistance (n=12). 

Parmi ces 51 patients, seulement 46 étaient évaluables pour la réponse : 4 présentaient une réponse complète, 20 une réponse partielle, 9 étaient stables et 13 ont progressé. Le taux de réponse était donc de 52,2 % et le taux de contrôle de 71,7 %. 

Les taux de réponse étaient élevés pour les 3 premiers groupes (75, 60 et 71%) et un seul patient (8,3%) a répondu dans le groupe D. De même les taux de contrôle étaient très élevés dans les 3 premiers groupes (100, 86,7 et 85,7%) alors que 10/12 patients du groupe D ont progressé. 

Il en est de même des survies sans progression dont les résultats sont résumés sur le tableau ci-dessous :

 

Groupe A

Groupe B

Groupe C

Groupe D

Taux de réponse (%)

75

60

71

8

PFS (mois)

18,2

9,7

9 ,6

1,4

Ainsi les patients qui ont une double mutation usuelle ont dans cette série des taux de réponse et de survie sans progression particulièrement élevés. Ceux qui ont une mutation atypique associée à une mutation usuelle ou deux  mutations atypiques ont des taux de réponse et de survie sans progression  qui sont proches de ceux des patients qui ont une seule mutation usuelle alors que les rares patients qui ont d’emblée une mutation de résistance sont pratiquement insensibles aux inhibiteurs de la tyrosine kinase de première génération. On sait que ces cas sont en revanche sensibles à l’osimertinib (cliquer ici)

Reference

Complex epidermal growth factor receptor mutations and their responses to tyrosinekinase inhibitors in previously untreated advanced lung adenocarcinomas.

Zhang B, Wang S, Qian J, Yang W, Qian F, Lu J, Zhang Y, Qiao R, Han B.

Cancer2018; 124 : 2399-2406

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer