Journal of Clinical Oncology

Les mutations HER2 au cours des adénocarcinomes bronchiques

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2013

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Les mutations de HER2 sur l’exon 20 sont identifiées dans environ 2% des cancers bronchiques non à petites cellules et jusqu’à 6% des cas EGFR, KRAS et ALK négatifs. Elles sont, comme les mutations EGFR particulièrement présentes chez les femmes non fumeuses présentant un adénocarcinome. La surexpression de la protéine HER2 et l’amplification du gène sont beaucoup plus fréquentes.

Peu de données cliniques sont disponibles dans la littérature et cette série française, espagnole et suisse, qui réunit à l’initiative de Julien Mazières 65 malades présentant cette mutation sur 3800 testés (1,7%),  est la plus importante rapportée à ce jour.

La très grande majorité des patients ont été testés pour EGFR, KRAS et ALK. Quand cela a été possible, les patients ont également été testés pour BRAF et PI3KCA. Aucun patient n’avait une mutation EGFR ou une translocation ALK. Seul un patient avait de façon concomitante une mutation KRAS.

Caractéristiques cliniques

L’âge moyen était de 61 ans, il y avait 69% de femmes. Plus de la moitié des patients étaient non fumeurs (52,3 %),  16,9% étaient ancien fumeurs et 18,5% fumeurs actifs (pour les autres le statut tabagique n’était pas connu).

Dans un peu plus de la moitié des cas les cancers étaient métastatiques. Il y avait une haute fréquence de cas avec des nodules multiples et des tumeurs excavées. Toutes les tumeurs étaient des adénocarcinomes.

La survie globale de l’ensemble des patients était de 40 mois, c’est à dire :

  • 89,6 mois pour les patients présentant un cancer de stade I à III et
  • 22,9 mois pour ceux qui avaient un cancer de stade IV.

Traitement

Parmi les patients de stade IV ou récidivants, 33 ont reçu une chimiothérapie et 16 ont également reçu un traitement ciblant HER2. Comme certains patients en ont reçu plusieurs, 22 traitements ciblant HER2 ont pu être analysés : il a été observé 4 progressions, 7 stabilisations, et 11 réponses partielle (50%). 

Le taux de contrôle de la maladie était de 82%. Il était plus précisément de 96% pour les traitements à base de trastuzumab[1] (n=15) et 100% pour ceux à base d’afatinib[2] (n=4). Aucune réponse n’a été observée chez 3 malades traités par lapatinib en monothérapie ou masatinib.

La PFS médiane de ces patients traités par des médicaments ciblant HER2 a été de 5.1mois.

Cette étude, la plus importante à ce jour, souligne l’intérêt de rechercher systématiquement cette mutation au cours des adénocarcinomes métastatiques. HER2 est l’un des biomarqueurs dont la recherche est possible grâce à l’INCa en France avec EGFR, KRAS, ALK, BRAF, et  PI3KCA. Les données cliniques rattachées à ces biomarqueurs sont actuellement recensées par l'IFCT dans l’étude Biomarqueurs France à la quelle tous les médecins qui prennent en charge les cancers broncho-pulmonaires ont le devoir de participer activement  (http://www.ifct.fr) .

 


[1] Associé à une chimiothérapie (vinorelbine, docetaxel ou association de carboplatine et paclitaxel.

[2] En monothérapie.

Reference

Lung Cancer That Harbors a HER2 Mutation: Epidemiologic Characteristics and Therapeutic Perspectives

Mazières J, Peters S, Lepage B, Cortot AB, Barlesi F, Beau-Faller M, Besse B, Blons H, Mansuet-Lupo A, Urban T, Moro-Sibilot D, Dansin E, Chouaid C, Wislez M, Diebold J, Felip E, Rouquette I, Milia JD, Gautschi O.

J Clin Oncol. 2013 Apr 22. [Epub ahead of print]

 

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Revue : British Journal of Cancer