Lancet

Les résultats de l’étude RADIANT-4 constituent une étape importante dans le traitement des tumeurs neuro-endocrines

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2016

Thérapeutique ciblée, Tumeurs neuro-endocrines

Nous avions rapporté sur ce site en 2011 les résultats de l’étude RADIANT-2, une étude  randomisée de phase 3 dont l’objectif principal était de savoir si l’association d’everolimus, un inhibiteur de mTOR,  et d’octréotide, un analogue de la somatostatine, prolongeait la survie sans progression de patients atteints de tumeurs neuro-endocrines avancées bien ou moyennement différenciées par rapport à l’association placebo et octréotide.  La survie sans progression  était augmentée de 5 mois mais cette augmentation n’atteignait pas la significativité (cliquer ici). Ces résultats étaient aussi retrouvés dans le sous groupe des tumeurs pulmonaires (cliquer ici).

L’étude RADIANT-4 publiée ici est une vaste étude multicentrique internationale de phase III à promotion industrielle dans laquelle les patients atteints de tumeurs neuro-endocrines digestives et pulmonaires étaient randomisés sur un mode 2/1 pour recevoir de l’everolimus à 10 mg/jour ou un placebo. L’objectif principal était ici aussi la survie sans progression à lecture centralisée.

Ces patients ne devaient pas avoir de syndrome carcinoïde. En cas d’apparition d’un tel syndrome, ils pouvaient recevoir un analogue de la somatostatine uniquement en cas d’inefficacité du loperamide.

La levée de l’aveugle n’a été réalisée qu’au moment de l’analyse des résultats ou en cas d’urgence. Le crossover n’était donc pas autorisé pendant toute la période aveugle de l’étude.

En un peu plus d’un an, 302 patients éligibles présentant une tumeur neuro-endocrine non fonctionnelle (dont 30% de tumeurs pulmonaires) ont été inclus. Plus de la moitié des patients avaient été traités  antérieurement par somatostatine et ¼ avaient reçu une chimiothérapie.

La survie sans progression  médiane était significativement très augmentée sous everolimus en passant de 3,9 mois dans le groupe placebo à 11 mois dans le groupe expérimental : (0,48 (0,35–0,67), p<0,00001.

Le taux de patients qui n’avait pas progressé à un an était de 44 % dans le groupe expérimental et de 28 % dans le groupe placebo.  

Tous les sous groupes de patients, notamment ceux qui étaient définis par l’origine digestive ou pulmonaire de la tumeur,  bénéficiaient de ce traitement.

Les chiffres de survie, non influencés par un possible crossover qui n’était pas autorisé pendant toute la période aveugle de l’étude, ne sont pas encore complètement matures. Pour l'instant la survie est augmentée mais de façon non significative.

La meilleure réponse observée était le plus souvent la stabilisation. Seulement 4 patients ont eu une réponse objective confirmée.

La durée médiane de traitement était pratiquement deux fois supérieure dans le groupe expérimental à celle du groupe contrôle.

Les principaux effets secondaires observés étaient stomatites (63%), des diarrhées (31%), une fatigue (31%), les infections diverses (29%), un rash cutané (27%) et des œdèmes périphériques (26%).

Des pneumopathies non infectieuses sont survenus chez 32 patients (16 % ) en association avec le traitement expérimental. La plupart étaient de grades 1 ou 2. Trois patients (1 %) ont eu une pneumopathie de grade 3 et aucun de grade 4.

Ainsi everolimus est le premier traitement qui montre une activité importante dans les tumeurs neuro-endocrines quelles soient d’origine digestive ou pulmonaire. Il est vraisemblable que ce traitement va devenir un standard de traitement chez les patients pour les quels la résection chirurgicale de l’ensemble des lésions qui est un standard (cliquer ici)  ne sera pas possible. Il nous semble donc que nous assistons là à une étape importante dans la prise en charge de ces tumeurs. 

Reference

Everolimus for the treatment of advanced, non-functional neuroendocrine tumours of the lung or gastrointestinal tract (RADIANT-4): a randomised, placebo-controlled, phase 3 study.

Yao JC, Fazio N, Singh S, Buzzoni R, Carnaghi C, Wolin E, Tomasek J, Raderer M, Lahner H, Voi M, Pacaud LB, Rouyrre N, Sachs C, Valle JW, Fave GD, Van Cutsem E, Tesselaar M, Shimada Y, Oh DY, Strosberg J, Kulke MH, Pavel ME; RAD001 in Advanced Neuroendocrine Tumours, Fourth Trial (RADIANT-4) Study Group.

Lancet 2016; 387: 968–77

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