European Journal of Cancer

Les résultats définitifs de l’essai de chimiothérapie péri-opératoire IFCT 0002 sont publiés.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2013

Traitement péri-opératoire

Pour comprendre le rationnel de cette étude, il faut se souvenir des conclusions de l’essai MIP 91 conçu et coordonné par Alain Depierre et publié en 2002 (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11773176) au moment où l’essai a été imaginé.

Cet essai, initié en 1991, avait comparé chez 355 patients présentant un cancer bronchique non à petites cellules opérable de stade I (excepté T1N0), II ou IIIA  une chirurgie exclusive à la chirurgie précédée d'une chimiothérapie d’induction par MIP (mitomycine, ifosfamide et cisplatine) et suivie, en cas de réponse, de cette même chimiothérapie. Cette étude avait montré un gain de survie proche de 10% mais celui-ci n’atteignait pas la significativité. Néanmoins, et c’était sans doute l’enseignement le plus important de cet essai, contrairement à ce qu’avaient montré les essais historiques à petits effectifs de Roth et Rosell ce gain important de survie n’était pas le fait des stades IIIA-N2 mais des stades plus précoces pour lesquelles le bénéfice du bras expérimental devenait significatif. Enfin la plupart des complications post-opératoires avaient été observées chez les patients présentant un cancer étendu.

Toutes ces constatations ont été à l’origine de la réflexion du groupe d’Alain Depierre qui dans sa totalité avait rejoint l’IFCT qui venait de naître :

- Cet essai devait ne porter que sur les stades précoces, puisque c’est dans ces seuls stades qu’un bénéfice de la chimiothérapie néoadjuvante avait été montré en phase III.

- il fallait faire mieux que le meilleur des deux bras de l’essai précédent, et l’une des possibilités était de comparer une chimiothérapie administrée totalement en induction au schéma ancien,

- il fallait explorer des chimiothérapies moins toxiques. En 2002, les 2 principales associations de chimiothérapie utilisées dans le monde étaient l’association de cisplatine et gemcitabine ou de carboplatine et paclitaxel. La comparaison de ces 2 traitements était un bon objectif secondaire.

- Il fallait enfin concevoir un essai fédérateur pour cet intergroupe qui venait de naitre et montrer son aptitude à inclure beaucoup de malades en peu de temps. C’était à l’époque un pari ambitieux puisqu’on se souvient que la plupart des grands essais de traitement préopératoire menés dans le monde, soit ont été interrompus, soit ont eu énormément de difficultés à inclure la totalité des malades dans le temps prévu.

Ce pari a été tenu, grâce à l’énergie et au charisme d’Alain Depierre soutenu par Franck Morin et l'équipe temps plein de l'IFCT naissante. C’était la première grande étude de l’IFCT et la rapidité d’inclusion a été un succès : là où en 6 ans 373 patients opérables de tous stades ont été inclus, ce sont 528 patients de stade I et II qui ont été randomisés en un peu plus de 4 ans. Ensuite, il a fallu du temps pour réunir  et traiter toutes ces informations que publie ce mois-ci Virginie Westeel dans l’European Journal of Cancer.

La plupart des lecteurs de ce site connaissent les résultats présentés à plusieurs reprises et notamment en deux communications orales à l’ASCO.

- Cette étude n’a pas montré, comme on pouvait l’espérer, de supériorité de survie ou de réponse histologique chez les patients qui recevaient 4 cycles de chimiothérapie avant l’intervention par rapport à ceux qui n’en recevaient que 2.

- Cette étude n’a pas montré non plus de différence d’activité entre les 2 chimiothérapies testées,  mais un profil de toxicité différent.

- Elle a montré qu’avec ces chimiothérapies la compliance au traitement  préopératoire était très supérieure à celle observée avec la chimiothérapie postopératoire et que la toxicité de ces chimiothérapies était  acceptable avec un seul décès toxique chez ces 528 patients.

Ces données peuvent faire regretter a posteriori de ne pas avoir prévu un bras adjuvant car la comparaison de l’adjuvant et du néo-adjuvant reste toujours non résolue.

 

Rappelons enfin que cette étude a permis de mener aussi de nombreuses études biologiques dont certaines sont encore en cours. 

Reference

A randomised trial comparing preoperative to perioperative chemotherapy in early-stage non-small-cell lung cancer (IFCT 0002 trial).

Westeel V, Quoix E, Puyraveau M, Lavolé A, Braun D, Laporte S, Bigay-Game L, Pujol JL, Ozenne G, Rivière A, Douillard JY, Lebeau B, Debieuvre D, Poudenx M, David P, Molinier O, Zalcman G, Lemarié E, Morin F, Depierre A, Milleron B. IFCT (Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique).

Eur J Cancer 2013; 49 : 2654-64.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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