Journal of Thoracic Oncology

Les thymectomies mini-invasive ont-elles le même taux de résections complètes que les thymectomies effectuées par chirurgie ouverte ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2017

Tumeurs thymiques, Chirurgie

La thymectomie mini-invasive est maintenant pratiquée par beaucoup de chirurgiens qui affirment que cette technique diminue le taux de complications précoces par comparaison à la chirurgie classique. Il y aurait grâce à cette nouvelle technique des séjours hospitalier et en soins intensifs plus courts, moins de saignements opératoires, une amélioration de la fonction pulmonaire postopératoire, moins de douleurs et tout ceci sans que le temps passé en salle d’opération soit plus long.

Toutefois la majorité de ces données ont été obtenues pour des thymectomies effectuées dans le cadre du bilan des myasthénies graves sans tumeur thymique visible et il y a peu de données concernant la chirurgie par cette technique des tumeurs du thymus.  Le taux de résections complètes et les données qui sont corrélées de façon indépendante à ce taux sont notamment mal connus.

Pour répondre à cette question, les auteurs de ce travail ont réalisé une étude rétrospective à partir de l’ International Thymic Malignancy Interest Group (ITMIG), une vaste  base de données internationale alimentée par 43 institutions réparties sur 4 continents. Ils ont recherché dans cette base de données les patients opérés d ‘une tumeur du thymus,

  • soit par chirurgie classique, c’est à dire par sternotomie (n=1751) ou thoracotomie (n=302),
  • soit par thymectomie mini-invasive, c’est à dire par thoracoscopie vidéo-assistée (n=315) ou thoracoscopie robot-assistée (n=146).  Le nombre de thymectomie mini-invasive a augmenté pendant cette période jusqu’à atteindre plus de la moitié des thymectomies réalisées.

Les caractéristiques des patients des deux groupes différaient significativement sur plusieurs points :  les patients opérés par thymectomie mini-invasive étaient plus souvent opérés dans les institutions asiatiques, étaient plus jeunes, étaient plus fréquemment de sexe féminin, avaient un PS meilleur, un stade pathologique moins avancé et une taille tumorale inférieure.

Le taux de thymectomies partielles était supérieur à celui des patients opérés par chirurgie ouverte (27 % vs 9 %).  Ils ont reçu après l’intervention moins de chimiothérapie (3% vs16%) et moins de radiothérapie (31% vs 37%).

Le taux de résections complètes (R0) était significativement supérieur dans le groupe des patients opérés par thymectomie mini-invasive (94% vs 86%).

Dans la mesure où les caractéristiques des patients des deux groupes différaient, il était logique de faire une comparaison de sujets appariés selon la méthode des scores de propension : 266 patients opérés par chirurgie ouverte ont ainsi été comparés à 266 opérés par thymectomie mini-invasive. Il y avait exactement le même nombre de résections complètes R0 dans les deus groupes : 256 (96%).

Enfin en analyse multivariée le fait d’être opéré par thymectomie mini-invasive n’était pas corrélé avec le taux de résections complètes R0.

Cette étude est intéressante pour plusieurs raisons 1) elle montre que parmi les 43 institutions qui collaborent à cette base de données, le nombre de thymectomies mini-invasives réalisées à maintenant dépassé le nombre de thymectomies réalisées en chirurgie classique. 2) Elle démontre qu’avec cette technique le taux de résections complètes est comparable. Attendons néanmoins de voir si les taux de récidives et  de survie sont aussi les mêmes. 3) Retenons enfin que ces résultats sont ceux des 43 institutions du réseau ITMIG, ce qui ne signifie pas qu’il sont les mêmes partout. L’apprentissage de ces techniques joue certainement un rôle important et tous les chirurgiens qui opèrent les tumeurs thymiques n’ont probablement pas la même expérience des thymectomies mini-invasive que ceux qui participent au  réseau ITMIG.

 

 

 

Reference

Determinants of Complete Resection of Thymoma by Minimally Invasive and Open Thymectomy: Analysis of an International Registry.

Burt BM, Yao X, Shrager J, Antonicelli A, Padda S, Reiss J, Wakelee H, Su S, Huang J, Scott W.

J Thorac Oncol 2017; 12 : 129-136

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