Journal of Thoracic Oncology

Les tumeurs qui présentent une mutation activatrice de l’EGFR ont-elles une évolution plus lente que les autres ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2014

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Les auteurs de ce travail rétrospectif japonais ont fait l’hypothèse que les tumeurs qui présentent une mutation activatrice de l’EGFR ont un lent temps de doublement. Pour confirmer cette hypothèse, ils ont cherchés parmi les cancers opérés sur une période de sept ans les patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules ayant eu au moins deux scanners avant la chirurgie. Il s’agissait en général de petites lésions pour lesquelles une surveillance était proposée. L’intervalle moyen entre les deux scanners allait de 14 à 2470 jours (médiane 143 jours).

Cent deux patients (38% de femmes, âge moyen 71 ans, 61% de fumeurs ou anciens fumeurs) répondaient à ces critères. La plupart (67%)  présentaient un adénocarcinome. Trente cinq (34,3%) d’entre eux présentaient une mutation activatrice de l’EGFR.

Le temps de doublement médian de ces 102 cancers était de 188 jours (24-9686 jours).

La taille des tumeurs et les temps de doublement sont indiqués sur le tableau ci-dessous :

 

 

Statut EGFR

 

 

Positif

Négatif

p

Scanner 1 (mm) :

Médian

18

21

0,2

Range

6-50

6-90

Moyen ± SD

20,9±11,7

24±14,6

Scanner 2 (mm) :

Médian

22

28

0,029

Range

8-65

8-97

Moyen ± SD

25,4±13,3

31,2±16,2

Temps de doublement (jours) :

Médian

676

139

0,001

Range

27±9686

24±3963

Moyen ± SD

1173±1829

330±607

Alors qu'il n'y avait pas de différence concernant la taille initiale des tumeurs, une différence apparaît au deuxième scanner qui devient significative.

De 676 jours chez les mutés à 139 chez les sauvages, les temps de doublement  sont très significativement différents.

Outre le statut mutationnel EGFR, le temps de doublement est significativement  influencé par le sexe, le tabagisme, le type histologie (306 jours dans les adénocarcinomes et 81 dans les épidermoïdes) et le stade pTNM.

Les conclusions de cette étude sont intéressantes dans la mesure où le temps de doublement est fortement associé à la durée de survie. Si  la survie globale des patients présentant une mutation activatrice de l’EGFR est très supérieure à celle des patients qui n’en ont pas, cette différence est surement à attribuer en grande partie aux inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR, mais il est possible que le temps de doublement plus long de ces tumeurs joue également un rôle.

Reference

Epidermal Growth Factor Receptor Mutations: Effect on Volume Doubling Time of Non-Small-Cell Lung Cancer Patients.

Nakamura R, Inage Y, Tobita R, Mori K, Numata T, Yanai H, Endo T, Ohtani H, Satoh H, Yuzawa K, Koizumi M, Ueki H.

J Thorac Oncol 2014; 9 : 1340-4

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Revue : British Journal of Cancer