Lancet

L’étude KEYNOTE-010, une étude de phase II/III comparant le Pembrolizumab au docetaxel dans les CBNPC exprimant PDL1

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2016

Immunothérapie

Voici les résultats de l’étude KEYNOTE-010, une étude de phase II/III,  qui compare un anti PD1 le pembrolizumab, à deux niveaux de doses, au docetaxel chez des patients dont les tumeurs devaient exprimer PDL1 sur au moins 1% des cellules tumorales.

Cette étude est une étude prospective et multicentrique (202 centres dans le monde entier) à promotion industrielle.

Pour être inclus les patients devaient être en progression après un ou plus cycle(s) d’un doublet à base de platine ou d’un traitement ciblé chez un patient présentant une mutation activatrice de l’EGFR  ou une translocation ALK. On rappelle que les tumeurs devaient exprimer PDL1 sur au moins 1% des cellules tumorales. Le PS devait à être à 0 ou 1.

Les patients ayant des métastases cérébrales « actives », une méningite carcinomateuse, ou un syndrome auto immun ou une pneumopathie interstitielle nécessitant des corticoïdes ne devaient pas être inclus.

Deux objectifs  principaux ont été choisis la survie globale et la survie sans progression. 

Les patients étaient stratifiés selon le PS (0 vs 1), la région (Est asiatique ou non), le score d’expression de PDL1 1-49% vs ≥50%).

Ils étaient randomisés en trois groupes : pembrolizumab 2 mg/kg IV toutes les 3 semaines, pembrolizumab 10  mg/kg IV toutes les 3 semaines,   ou docetaxel 75 mg/m2 toutes les 3 semaines.

Sur près de 2700 patients screenés, 1475 avaient une expression de PDL1 sur au moins 1% de leurs cellules tumorales, dont 633 avaient une expression de PDL1 sur au moins 50% de ces cellules. Parmi ceux-ci, 1034 étaient éligibles pour l’essai et ont été randomisés dans les 3 groupes. Les caractéristiques des patients des trois groupes étaient réparties de façon identique. Les résultats sont présentés sur les tableaux ci dessous avec un suivi médian de 13,1 mois :

 

Expression de PDL1 ≥50%

p (vs doc)

 

Pembrolizumab

Docetaxel

 

 

2 mg/kg

10 mg/kg

 

2 mg/kg

10 mg/kg

HR de survie vs docetaxel

0,54

0,50

 

0,0002

<0,0001

Survie médiane (mois)

14,9

17,3

8,2

 

HR de PFS 

0,59

0,59

 

0,0001

<0,0001

PFS (mois)

5

5,2

4,1

 

Réponse (%)

30

29

12

<0,0001

<0,0001

 

 

 

Expression de PDL1 ≥1%

p (vs doc)

 

Pembrolizumab

Docetaxel

 

 

2 mg/kg

10 mg/kg

 

2 mg/kg

10 mg/kg

HR de survie vs docetaxel

0,71

0,61

 

0,0008

<0,0001

Survie médiane (mois)

10,4

12,7

8,5

 

Taux de survie à 1 an (%)

43,2

52,3

34,6

 

HR de PFS

0,88

0,79

 

0,07

0,004

PFS (mois)

3,9

4

4

 

Réponse (%)

18

18

9

0,0005

0,0002

 

Cette étude est donc positive sur son objectif principal. La survie globale est significativement augmentée quelques soit la dose de pembrolizumab et le degré d’expression de PDL1.

Avec une durée médiane de traitement de 3,5 mois dans les groupes docetaxel et de 2 mois dans le groupe docetaxel, les effets adverses de grade 3 à 5 considérés comme secondaires aux traitements sont survenus respectivement chez 13, 16 et 35% des patients des groupes pembrolizumab 2 mg/kg, 10 mg/kg et docetaxel. Des décès attribués au traitements de l’étude sont survenus chez 3 patients du bras pembrolizumab 2 mg/kg par toxicité pulmonaire, 3 du bras pembrolizumab 10 mg/kg (1 infarctus et 2 toxicité pulmonaires)  et 5 du bas docetaxel (Insuffisance cardiaque, déshydratation, neutropénie fébrile, pneumopathie interstitielle et infection respiratoire).

Cette étude de phase III  montre que le pembrolizumab prolonge significativement la survie globale des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules, dont les cellules expriment au moins à  un taux de 1% PDL1,  et qui ont été antérieurement traités.

Le pembrolizumab va donc devenir une nouvelle option thérapeutique pour les patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules exprimant PDL1 en deuxième ligne et il  est probable que cette étude conduira rapidement à son enregistrement dans cette indication en deuxième ligne.

Nous avons commenté il y a peu de temps deux autres études industrielles positives qui comparaient en deuxième ligne le nivolumab au docetaxel dans les cancers épidermoïdes  (cliquer ici)  et dans les cancers bronchiques non à petites cellules non épidermoïdes (cliquer ici). Ces études parvenaient à des résultats comparables chez des patients non sélectionnés par le statut PDL1 et le nivolumab est de ce fait déjà disponible.

La sélection des malades par leur statut PDL1 reste discutée. En effet, même si la plupart des étude ont montré un lien entre l’immunomarquage PDL1 et la réponse au traitement, de nombreuses questions demeurent car la technique utilisée varie d’une étude à l’autre, du fait de la variété des anticorps, des techniques de lecture, du site et de la date du prélèvement.

 

 

Reference

Pembrolizumab versus docetaxel for previously treated, PD-L1-positive, advanced non-small-cell lung cancer (KEYNOTE-010): a randomised controlled trial.

Herbst RS, Baas P, Kim DW, Felip E, Pérez-Gracia JL, Han JY, Molina J, Kim JH, Arvis CD, Ahn MJ, Majem M, Fidler MJ, de Castro G Jr, Garrido M, Lubiniecki GM, Shentu Y, Im E, Dolled-Filhart M, Garon EB.

Lancet. 2015 Dec 18. [Epub ahead of print]

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