Journal of Clinical Oncology

L’extension dans les voies aériennes des tumeurs neuroendocrines est pronostique.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2019

Tumeurs neuro-endocrines, Chirurgie, Anatomo-pathologie

Les tumeurs neuroendocrine constituent 15 à 25 % des cancers du poumon. Elles sont classées en 4 types histologiques : les carcinoïdes typiques et atypiques, les cancers neuro endocrines à grandes cellules, et les cancers bronchiques à petites cellules et le pronostic de chacune de ces catégories est extrêmement différent. L’extension de cellules tumorales à travers les espaces aériens (Spread through air spaces (STAS)) a une valeur pronostique dans les adénocarcinomes et les cancers épidermoïdes du poumon. C’est une donnée importante car,  comme l’a montré un article important émanant principalement du Memorial Sloan Kettering Cancer Center qui a été commenté en février 2019 sur ce site par Elisabeth Quoix (cliquer ici), la lobectomie est associée à un meilleur pronostic que la résection économique chez les malades qui ont une STAS.

La question posée par ce nouveau travail qui nous vient aussi du Memorial Sloan Kettering Cancer Center est de savoir quelle est l’incidence et quel est l’impact pronostique de cette extension de cellules tumorales à travers les espaces aériens dans les tumeurs neuroendocrines. 

Pour répondre à cette question, les auteurs ont réalisé une étude rétrospective qui porte sur les tumeurs neuroendocrines de stades I à III traitées chirurgicalement au Memorial Sloan Kettering Cancer Center de 1992 à 2012. Les lames histologiques de toutes les tumeurs ont été systématiquement revues de façon indépendante par au moins deux pathologistes expérimentés. Elles étaient classées dans les 4 types histologiques cités plus haut et l’extension d’une STAS définie comme une extension de cellules tumorales à travers les espaces aériens du poumon, et en en dehors des limites tumorales, était systématiquement recherchée. 

Sur 487 patients qui présentaient, pendant cette période, une tumeur neuroendocrine, l’incidence globale de la STAS était de 26%. Comme le montre le tableau ci-dessous cette extension était d’autant plus fréquente que la tumeur avait un grade de malignité élevé. 

 

Carcinoïdes typiques

Carcinoïdes atypiques

Carcinomes neuroendocrines à grandes cellules

Cancers bronchiques à petites cellules

Nombre 

299

38

93

57

Incidence de STAS (%)

16

37

43

46

Comparativement à l’absence de STAS, la présence de STAS était associée aux facteurs suivants : antécédents tabagiques, chimiothérapie adjuvante, métastases ganglionnaires, stade élevé, extension vasculaire et pleurale, pourcentage de nécrose élevé, indice mitotique élevé et expression élevée de Ki-67.

La présence de STAS était associée avec un taux plus élevé de récidive que l’absence de STAS. L’incidence cumulée de récidive à 5 ans était de 54 % si la STAS était présente versus 24 % si elle était absente. Cette différence était significative. 

Cette augmentation intéressait tous les types de récidive mais surtout la récidive cérébrale dont le risque était trois fois plus élevé chez les malades qui présentaient une extension de cellules tumorales à travers les espaces aériens que chez ceux qui n’en avaient pas. Cette récidive était plus précoce chez les malade présentant une STAS  puisqu’un tiers des patients qui présentaient une extension aérienne avaient une récidive dans l’année qui suivait la chirurgie alors que c’était le cas de seulement 11 % des patients qui n’en avaient pas. 

Cet excès de risque de récidive était observé dans toutes les cohortes.

En analyse univariée, le sexe masculin, un tabagisme élevé, le fait d’avoir reçu une chimiothérapie adjuvante, l’extension ganglionnaire métastatique, le stade élevé, l’invasion lymphatique et vasculaire, l’index Ki-67 et la présence d’une STAS étaient associés à un risque élevé de mortalité spécifique. En analyse multivariée, ajustée au stade pathologique, le sexe masculin, le tabagisme, l’invasion lymphatique et la STAS étaient indépendamment associés à un risque élevé de mortalité spécifique. 

On retiendra donc de cet important travail que la présence de STAS chez les patients qui ont été opéré d’une tumeur neuro endocrines et significativement associé avec un pronostic défavorable et principalement à un risque plus élevé de récidive, en particulier cérébral, et à un risque plus élevé de décès par cancer. Ces résultats conduisent les auteurs à proposer que ce « statut STAS »  figure systématiquement dans les compte rendus anatomopathologiques.

Reference

Spread Through Air Spaces (STAS) Is Prognostic in Atypical Carcinoid, Large CellNeuroendocrine Carcinoma, and Small Cell Carcinoma of the Lung.

Aly RG, Rekhtman N, Li X, Takahashi Y, Eguchi T, Tan KS, Rudin CM, Adusumilli PS, Travis WD.

J Thorac Oncol 2019; 14 : 1583-1593

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Revue : British Journal of Cancer