Lung Cancer

L’incidence de la tuberculose chez les malades atteints de cancer broncho-pulmonaire est-elle augmentée par l’immunothérapie ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2021

Immunothérapie, Effets secondaires des médicaments

Il est classique de dire que l’incidence de la tuberculose est augmentée chez les malades atteints de cancer, à la fois du fait de la maladie elle-même qui induit une immunodépression et une dénutrition,  et aussi de la chimiothérapie. Récemment plusieurs rapports de cas ont aussi évoqué l’immunothérapie comme un possible facteur favorisant de la tuberculose dans plusieurs types de cancers de sorte que ce point reste débattu, ce qui justifie la réalisation de l’étude rétrospective dont les résultats sont présentés ici. 

En Corée du Sud, où a été réalisée cette étude, l’incidence de la tuberculose reste relativement élevée à 50/100000 en 2019 et ce particulièrement chez les personnes âgées chez lesquelles elle monte à 183/100000. De plus il existe dans ce pays une base de données, la National Health Information Database (NHID), tenue par le système d’assurance qui couvre 98% de la population coréenne.

A partir de cette base de données ont été identifiés tous les nouveaux cas de cancers broncho-pulmonaires de stades avancés observés de 2014 à 2018  qui ont été traités en première ligne par une chimiothérapie comportant du platine. Ont été exclus les malades opérés pour un stade localisé, ceux qui n’ont pas reçu une chimiothérapie de première ligne à base de platine dans les 3 mois qui ont suivi le diagnostic, ou qui ont reçu une autre chimiothérapie de première ligne, ceux traités pour un cancer bronchique à petites cellules, ceux qui ont reçu un traitement ciblé anti EGFR ou anti ALK. 

Les patients enrôlés dans cette étude rétrospective étaient classés en deux groupes : ceux qui n’ont reçu qu’une chimiothérapie conventionnelle (groupe chimiothérapie) et ceux qui ont reçu en plus une immunothérapie (groupe immunothérapie). 

Au total, 6335 patients ont été inclus dans cette étude, 5436 dans le groupe chimiothérapie et 899 dans le groupe immunothérapie. Parmi ceux-ci, 78 cas de tuberculose active ont été identifiés, 63 dans le groupe chimiothérapie et 15 dans le groupe immunothérapie. 

En analyse univariée, les seuls facteurs qui augmentaient significativement le risque de tuberculose étaient l’âge élevé, le sexe masculin et les antécédents tuberculeux. Une corticothérapie augmentait ce risque mais de façon non significative (HR 1,86 (0,89-3,91), p=0,09). 

L’analyse multivariée confirmait les résultats de l’analyse univariée : lorsqu’on explorait le risque de tuberculose en fonction des 3 facteurs thérapeutiques que sont l’utilisation d’une chimiothérapie, d’une immunothérapie ou d’une corticothérapie prolongée, après ajustement à l’âge, au sexe et aux antécédents tuberculeux, ce risque ne variait pas de façon significative. 

Avec les limites d’une étude rétrospective, cette étude qui a porté sur les données de plus de 6000 patients,  n’a donc pas démontré que le fait d’ajouter une immunothérapie à une chimiothérapie augmente significativement le risque de tuberculose. 

Reference

Incidence of tuberculosis in advanced lung cancer patients treated with immune checkpoint inhibitors - A nationwide population-based cohort study.

Kim HW, Kim JS, Lee SH.

Lung Cancer 2021; 158 : 107-114

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