Journal of Clinical Oncology

L’Ipilimumab, un nouveau traitement prometteur et une nouvelle façon d’évaluer la réponse.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2012

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV, Méthodologie / Essais thérapeutiques

L’ Ipilimumab est un anticorps monoclonal qui interagit avec l’antigène 4 des lymphocytes cytotoxiques (CTLA-4) et conduit à la régression tumorale. Un bénéfice sur la survie a été démontré dans le mélanome.

Cet essai de phase II randomisé international compare :

  • Carboplatine et paclitaxel et Ipilimumab avec deux modes d’administration :
    • Soit concomitant, l’Ipilimumab étant administré en même temps que la chimiothérapie (4 cycles de chimiothérapie  associée avec Ipilimumab puis 2 avec chimiothérapie et placebo).
    • Soit séquentiel, la chimiothérapie étant administrée avant l’Ipilimumab. (2 cycles de chimiothérapie et placebo puis 4 avec chimiothérapie associée avec Ipilimumab).
  • Et carboplatine et paclitaxel et placebo (6 cycles de chimiothérapie et placebo).
  • Les patients indemnes de progression et qui avaient toléré correctement le traitement d’induction continuaient un traitement de maintenance soit avec Ipilimumab soit avec placebo jusquà progression ou toxicité.

Dans cette étude ont été inclus en même temps que des malades atteints de cancers bronchiques non à petites cellules étendus, d’autres qui avaient des cancers bronchiques à petites cellules disséminés dont les résultats seront présentés ailleurs.

Une évaluation par imagerie était réalisée toutes les 6 semaines pendant l’induction et toutes les 12 semaines pendant la maintenance.

La réponse était définie soit selon les critères de l’OMS, soit selon les «  immune-related response criteria (irRC) » (voir ci dessous) qui constituait l’objectif principal de l’essai.

En un an 204 patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules étendus et venant de 54 sites ont été randomisés : 66 dans le bras contrôle 70 dans le bras concomitant et 68 dans le bras séquentiel.

Selon les critères IrRC, le régime séquentiel augmentait significativement la PFS (5,7 vs 4,6 mois. HR, 0,72; P = 0,05), ce que ne faisait pas le régime concomitant. Les mêmes constatations étaient retrouvées avec les critères de l’OMS.

La survie médiane dans le bras séquentiel était de 12,2 mois vs 8,3 mois (HR, 0,87; progressions=0,23). Elle était de 9,7 mois dans le bras concomitant.

Les taux de réponse assez différents en fonction du mode d’évaluation utilisé sont indiqués ci dessous

 

Contrôle

Concomitant

Séquentiel

Meilleure réponse (Ir)

18

21

32

Meilleure réponse (OMS)

14

21

32

Taux de contrôle de la maladie (Ir)

82

70

87

Taux de contrôle de la maladie (OMS)

73

57

78

Les effets secondaires « immunologiques » étaient plus nombreux dans les bras expérimentaux (15 et 20%) que dans le bras contrôle (6%). Il y a eu 2 décès attribués au traitement, un choc septique (bras concomitant) et une granulopénie fébrile (bras contrôle).

Cette étude montre clairement un effet de l’Ipilimumab associé une chimiothérapie par carboplatine et paclitaxel, lorsqu’est adopté un mode d’administration qui permet à la libération de l’antigène de se produire avant que l’Ipilimumab ne soit aministré.

Après cette étude de phase II à faibles effectifs, de nouvelles études cliniques, reprenant ce mode d’administration, semblent donc légitimes.

Les critères de réponse d’une immunothérapie : une nouvelle méthode de mesure récemment proposée[1]

Dans les études qui ont été menées lors du développement de l’Ipilimumab, 4 types de situations, toutes quatre associées à une amélioration de la survie ont été observées :

  1. Diminution des lésions initiales sans apparition de nouvelles lésions.
  2. Stabilité durable.
  3. Réponse après une augmentation des masses tumorales.
  4. Réponse et apparition de nouvelles lésions.

De nouveaux critères, tenant compte de ces possibilités, ont de ce fait été proposés que les auteurs pensent plus aptes à apprécier la réponse de ce type de traitements, les «  immune-related response criteria (irRC) ».

Le tableau ci dessous, comparatif avec les critères de réponse OMS en donne le résumé :

OMS

Réponse

irRC

Disparition de toutes les lésions vérifiée à au moins 4 semaines

Réponse

complète

Disparition de toutes les lésions vérifiée à au moins 4 semaines

Diminution ≥50% des produits des 2 plus grands diamètres perpendiculaires des lésions prises pour cibles au baseline

vérifiée à au moins 4 semaines  

sans apparition d’une lésion ou progression d’une lésion non prise pour cible

Réponse

partielle

Diminution ≥50% des produits des 2 plus grands diamètres perpendiculaires des lésions prises pour cibles au baseline

vérifiée à au moins 4 semaines 

 

Diminution <50% des produits des 2 plus grands diamètres perpendiculaires des lésions prises pour cibles au baseline ou progression <25% comparée au NADIR

 sans apparition d’une lésion ou progression d’une lésion non prise pour cible

Stabilité

Diminution <50% des produits des 2 plus grands diamètres perpendiculaires des lésions prises pour cibles au baseline ou progression <25% comparée au NADIR

 

Au moins 25 % d’augmentation des produits des 2 plus grands diamètres perpendiculaires des lésions observées au NADIR

et/ou apparition d’une lésion et/ou progression d’une lésion non prise pour cible

Progression

Au moins 25 % d’augmentation des produits des 2 plus grands diamètres perpendiculaires des lésions observées au NADIR

confirmée à 4 semaines.

 


Reference

Ipilimumab in Combination With Paclitaxel and Carboplatin As First-Line Treatment in Stage IIIB/IV Non-Small-Cell Lung Cancer: Results From a Randomized, Double-Blind, Multicenter Phase II Study.

Lynch TJ, Bondarenko I, Luft A, Serwatowski P, Barlesi F, Chacko R, Sebastian M, Neal J, Lu H, Cuillerot JM, Reck M.

J Clin Oncol. 2012 Apr 30. [Epub ahead of print]

80 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer