Longitudinal Perceptions of Prognosis and Goals of Therapy in Patients With Metastatic Non-Small-Cell Lung Cancer: Results of a Randomized Study of Early Palliative Care.

L’été dernier les auteurs de cet article ont publié dans le New England Journal of Medicine une étude randomisée comparant chimiothérapie et « soins palliatifs précoces » à chimiothérapie seule. Ils ont montré que le fait de s’intéresser aux symptômes tels que la douleur ou la dyspnée dès le diagnostic et de parler au malade améliorait la qualité de vie, l’humeur et même la durée de vie (Temel JS N Engl J Med 2010; 363 : 733-42).

Certains lecteurs se sont étonnés du fait qu’on puisse, dans le bras contrôle d’un essai randomisé, juste prescrire une chimiothérapie sans prendre en charge le malade dans sa globalité, mais cet article est apparu comme suffisamment important pour figurer dans les 3 « major advances » dans le cancer du poumon pour l’ASCO pour l’année 2010.   

Le but du travail présenté ici est d’examiner si les patients ont une perception exacte de leur pronostic et de la finalité du traitement utilisé, de mieux préciser l’influence d’une « prise en charge palliative précoce » sur la perception qu’ont les patients de leur maladie et de voir s’il y a un lien entre cette perception et la lourdeur des soins reçus en fin de vie.

Les réponses aux deux questions posées lors du bilan initial sont curieusement souvent différentes :

A la question « Votre cancer est-il curable ? », 32% répondent oui, 68% non.

A la question, « le but du traitement est-il de vous débarrasser de votre cancer ? », 69% répondent oui et 31% non. Parmi les réponses discordantes la majorité des réponses concernent des patients qui pensent que leur maladie est incurable mais qui croient cependant que le traitement va les en débarrasser.

Si l’on examine l’effet de la randomisation en « soins palliatifs précoces » ou non, les patients pris en charge en « soins palliatifs précoces » ont une vision plus exacte à 12 semaines que les autres : 12/54 patients pensent que leur maladie est curable versus 17/43 (p=0 ;08) … Mais il redevient plus proche à 24 semaines (p=0,57).

Quant à la croyance que le but du traitement est de supprimer la maladie, elle est et reste comparable dans les deux groupes.

Plus de patients dans le bras « soins palliatifs précoces » avaient une vision réaliste de leur pronostic.

Dans le groupe « soins palliatifs précoces », moins de patients ont reçu une chimiothérapie dans les 2 mois précédant le décès. Dans le groupe « standard » le fait de recevoir une chimiothérapie n’était pas lié à la perception du pronostic.

Cette étude démontre sur de petits effectifs que la mise en œuvre de « soins palliatifs précoces » améliore la perception réelle du pronostic et limite l’utilisation de chimiothérapie en fin de vie. Elle pose plusieurs questions : qu’est ce exactement que des soins palliatifs précoces et est-ce différent de la prise en charge « globale » que nous nous devons d’offrir, à côté de la chimiothérapie à tous nos malades ? Est-il licite d’avoir une information standardisée pour tous les malades et de ne pas respecter les attitudes de déni qu’ont certains ?