European Journal of Cancer

Longues survies après atezolizumab en deuxième ligne

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2019

Immunothérapie

Nous avons commenté sur ce site les résultats de l’étude de phase III OAK comparant en deuxième ligne un anti PD-L1, l’atezolizumab, au docetaxel. Deux articles  sont importants : le premier, publié il y a 2 ans dans le Lancet (cliquer ici).Cette étude de phase III  montrait pour la première fois, comparativement au traitement de référence par docetaxel,  un bénéfice significatif de survie d’un anti PD-L1  chez les 850 premiers patients inclus qui avaient progressé après une ou 2 ligne(s) de chimiothérapie. Ce bénéfice s’observait chez tous les malades et était encore plus important chez ceux qui avaient une immunohistochimie PDL1 positive. Plus tard, en septembre 2018, de nouveaux résultats d’une nouvelle analyse ont été publiés dans le Journal of Thoracic Oncology.  Cette deuxième analyse était effectuée avec un suivi supplémentaire médian qui atteignait 26 mois et chez  les 1225 patients randomisés (cliquer ici). Elle venait consolider les premiers résultats. 

L’article que nous commentons ici a pour objectif de présenter les caractéristiques des 850 premiers patients de cette étude (425 dans chaque bras) qui ont une longue survie, c'est à dire qui ont vécu plus de 24 mois après la randomisation. De cette population ont été retranchés les patients censurés avant 24 mois ce qui représentait 27 patients dans le groupe atezolizumab et 49 dans le bras docetaxel. 

Parmi les 398 patients inclus dans l’analyse du  bras atezolizumab, 119 (30%) étaient longs survivants et parmi les 376 du bras docetaxel 77 (20%) l’étaient. 

Dans les 2 bras, il y avait parmi les longs survivants davantage de femmes, de cancers non épidermoïdes et de malades dont le PS était à 0. Il y avait moins de patients qui avaient des métastases hépatiques et osseuses chez les longs survivants des deux bras mais les nombres de patients qui avaient des métastases cérébrales ou surrénaliennes était comparables, que les malades soient ou non longs survivants.  

Dans le bras immunothérapie il y avait, parmi les longs répondeurs, davantage de malade qui avaient une expression élevée de PD-L1  (TC3 et IC3). Toutefois ce bénéfice n’était pas limité aux positifs puisque 40% des longs survivants du bras atezolizumab avaient une expression tumorale de PD-L1 négative.  Enfin, qu’il s’agisse de l’immunothérapie ou de la chimiothérapie les taux de réponse ou de progression étaient très différents chez les survivants à long terme ou non, comme le montre le tableau ci-dessous :

 

Atezolizumab (n=398)

Docetaxel (n=376)

 

Longs survivants

Non longs survivants

Longs survivants

Non longs survivants

Réponse complète (%)  

4

0

1

0

Réponse partielle (%)  

35

5

31

9

Stabilité (%)

40

35

57

41

Progression (%)

21

51

9

35

Durée médiane de réponse (mois)

26,3

6,2

8,7

4,6

PFS médiane (mois)

11,3

1,7

8,8

2,9 

On notera que des longs survivants ont été observés même chez les patients qui avaient progressé. Le traitement reçu au moment de la progression explique sans doute ces résultats car :

  • Davantage de longs survivants ont reçu un traitement lors de la progression (62 vs 45%).
  • Et 52% des patients du bras docetaxel ont reçu une immunothérapie. 

Enfin, bien que chez les longs survivants la durée du traitement par atezolizumab soit nettement supérieure (18 vs 2,1 mois), la tolérance du traitement restait correcte sans différence de toxicité de grade 3 et 4 entre les longs survivants et ceux qui ne sont pas.   

On retiendra surtout de ces résultats complémentaires que 30% des malades traités en deuxième ligne par atezolizumab dépassent deux ans et que 40% des malades dont la survie dépasse deux ans n’expriment pas PD-L1. 

 

 

 

Reference

Long-term survival in patients with advanced non-small-cell lung cancer treated with atezolizumab versus docetaxel : Results from the randomised phase III OAK study.

von Pawel J, Bordoni R, Satouchi M, Fehrenbacher L, Cobo M, Han JY, Hida T, Moro-Sibilot D, Conkling P, Gandara DR, Rittmeyer A, Gandhi M, Yu W, Matheny C, Patel H, Sandler A, Ballinger M, Kowanetz M, Park K.

Eur J Cancer 2019; 107 : 124-132

71 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer