Journal of Thoracic Oncology

Lorsqu’on opte pur une chimioradiothérapie néoadjuvante, existe-t-il un délai idéal entre celle-ci et la chirurgie ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2017

Traitement péri-opératoire, Radiothérapie / Radiofréquence, Traitement des stades III

Le bénéfice de la chimiothérapie néoadjuvante a été démontré par une méta-analyse sur données individuelles et il est du même ordre que celui de la chimiothérapie adjuvante (cliquer ici). En revanche,  il n’a pas été démontré que la chimioradiothérapie néoadjuvante,  qui représente une stratégie possible pour le traitement des cancers bronchiques non à petites cellules de stade IIIA-N2  car elle augmente le taux de réponse et le downstaging médiastinal, prolonge significativement la survie par rapport à la seule chimiothérapie néoadjuvante (cliquer ici) et (cliquer ici pour un accès gratuit).

Un des points qui reste peu clair concerne l’intervalle idéal  entre la chimioradiothérapie et la chirurgie, et ce point est important car la longueur de cet intervalle a possiblement une influence sur la toxicité et l’efficacité de cette stratégie multidisciplinaire.

Pour tenter de trouver des réponses à cette question, les auteurs ce cette étude rétrospective ont utilisées les données  de la National Cancer Data Base qui contient environ 70% des nouveaux cancers diagnostiqués aux USA. Ils ont recherché dans ce registre les malades atteints de cancers bronchiques non à petites cellules T1-T3 N2 diagnostiqués de 2004 à 2012 traités par polychimiothérapie et radiothérapie (40-60 Gy) néoadjuvantes.

Ainsi, 1623 patients ont été identifiés qui avaient un intervalle très variable entre la chimioradiothérapie et la chirurgie :

  • 129 avaient un intervalle de 0 à 3 semaines (groupe de référence),
  • 819 de 3 à 6 semaines,
  • 519 de 6 à 9 semaines
  • et 156 de 9 à 12 semaines. 

Les caractéristiques des patients de ces 4 groupes n’étaient pas exactement les mêmes : par exemple les doses de radiothérapie et les taux de mortalité post-opératoire étaient plus élevées chez les patients opérés après un intervalle plus long.

En analyse multivariée les facteurs associés à la survie étaient :

  • le fait d’avoir été opéré par lobectomie, qui était un facteur favorable déjà bien connu. Il en était de même de l’âge jeune, du sexe féminin, de l’index de Charlson et des doses de radiothérapie.
  • La longueur de l’intervalle entre chimioradiothérapie et chirurgie : s’il n’y avait pas de différence significative de survie entre les 2 groupes de patients opérés avant 6 semaines, être opéré entre 6 et 9 semaines (HR=1,33, p=0,043) et 9 et 12 semaines (HR = 1,44, p=0,03) représentait un facteur pronostique significatif défavorable.

Parce qu’elle est rétrospective, cette étude est forcément limitée dans ses conclusions. Il n’en reste pas moins, qu’en l’absence de données issues d’études prospectives, on doit considérer actuellement que si cette stratégie est choisie, le délai entre la fin de la chimioradiothérapie et la chirurgie ne doit pas excéder 6 semaines. 

 

Reference

Timing of Surgery after Neoadjuvant Chemoradiation in Locally Advanced Non-Small Cell Lung Cancer.

Gao SJ, Corso CD, Wang EH, Blasberg JD, Detterbeck FC, Boffa DJ, Decker RH, Kim AW.

J Thorac Oncol 2017; 12 : 314-322

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer