Annals of Oncology

LUX-Lung 5 : afatinib et paclitaxel lors de la progression après bénéfice clinique obtenu sous afatinib.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2016

Thérapeutique ciblée

L’action de l’afatinib chez les patients présentant une mutation activatrice de l’EGFR a été démontrée dans deux grandes études de phase III , l’étude LUX-Lung 3 (cliquer ici) et l’étude LUX-Lung 6 (cliquer ici).

Qu’en est-il de son action chez les patients qui ont reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR de première génération ? Nous avions commenté sur ce site les résultats des études LUX-Lung 1 (cliquer ici) LUX-Lung 4 (cliquer ici)  qui montraient une certaine activité de l’afatinib chez les patients résistants à un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR de première génération.

Voici maintenant les résultats de l’étude LUX-Lung 5, étude prospective, multicentrique et de phase III  randomisée.  Cette étude s’adresse à des patients présentant un cancer bronchique non à petites cellules de stade IV ou de stade IIIB « mouillé » ayant progressé après plusieurs traitements qui comprenaient :

  • au moins une ligne de chimiothérapie incluant du platine et du pemetrexed,
  • de l’erlotinib ou du gefitinib
  • et enfin de l’afatinib avec un bénéfice clinique prolongé d’au moins 12 semaines.

Le statut mutationnel  n’était pas exigé car il n’était pas un standard au moment où l’étude a été conçue.

Les patients étaient randomisés au moment de la progression sur un mode 2/1 entre :

  • afatinib à 40 mg/jour et paclitaxel à 80 mg/m2/semaine
  • ou une mono chimiothérapie laissée au choix des investigateurs.

L’objectif principal était la survie sans progression. Au total 351 patients étaient nécessaires pour détecter un HR de 0,67 en faveur du traitement expérimental.

Finalement 202 patients ont été randomisés, 134 dans le bras expérimental et 68 dans le bras chimiothérapie.

La survie sans progression  médiane a été significativement plus longue dans le bras expérimental (5,6 vs 2,8 mois, HR = 0,60, 95% CI 0,430,85, p = 0,003). Le bénéfice clinique et le taux de réponse étaient aussi supérieurs dans le bras expérimental, mais la survie globale n’était pas modifiée.

Le taux d’effets secondaires de grade 3 ou 4 était plus élevé dans le bras expérimental (48 vs 30%).

Cette étude montre que, après qu’un bénéfice clinique durable ait été obtenu sous afatinib, la poursuite de ce traitement et son association à du paclitaxel non seulement est possible sans excès de toxicité mais surtout prolonge significativement la survie sans progression.    

Ces résultats sont intéressants même si on peut regretter l’absence de détermination du statut mutationnel.  On peut imaginer que cette population « enrichie » par le succès observé d’un bénéfice obtenu lors du traitement par deux inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR a du inclure  probablement en grande partie des mutés. Comment imaginer sinon que le taux de réponse au traitement expérimental soit à 32% ? On voit bien que cette situation clinique est assez rare puisque les deux tiers seulement des effectifs prévus ont été inclus par 115 centres qui ont donc en moyenne randomisé moins de deux patients chacun. La poursuite d’un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR à la progression en association à une chimiothérapie reste donc une voie de recherche intéressante. Cette voie de recherche est certainement, nous semble-t-il, à  réserver aux patients mutés.

 

 

Reference

Afatinib beyond progression in patients with non-small-cell lung cancer following chemotherapy, erlotinib/gefitinib and afatinib: phase III randomized LUX-Lung 5 trial.

Schuler M, Yang JC, Park K, Kim JH, Bennouna J, Chen YM, Chouaid C, De Marinis F, Feng JF, Grossi F, Kim DW, Liu X, Lu S, Strausz J, Vinnyk Y, Wiewrodt R, Zhou C, Wang B, Chand VK, Planchard D; LUX-Lung 5 Investigators.

Ann Oncol 2016; 27 : 417-23

43 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer