Lancet oncology

LUX-Lung 7 : une étude comparative du gefitinib et de l’afatinib

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2016

Thérapeutique ciblée

Trois inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR sont  enregistrés en première ligne chez les patients dont la tumeur présente une mutation activatrice de l’EGFR, le gefitinib, l’erlotinib et l’afatinib. Nous avons commenté très récemment sur ce site les résultats d’un essai d’équivalence japonais comparant gefitinib et erlotinib (cliquer ici). Voici maintenant un essai international de phase 2B mené dans 13 pays qui compare afatinib et gefitinib chez des patients qui présentent un adénocarcinome de stade IIIB non accessibles à un traitement local ou IV,  avec une mutation activatrice usuelle de l’EGFR.

Cette étude a comporté plusieurs objectifs principaux et ceux ci ont varié dans le temps :

  • Initialement il y en avait deux : la survie sans progression déterminée par un comité indépendant et le taux de contrôle de la maladie à 12 mois,
  • En mars 2013 le temps jusqu’à échec du traitement (qui prend en compte aussi les arrêts de traitement pout toxicité) et la survie globale ont été ajouté aux objectifs principaux tandis que le taux de contrôle de la maladie devenait un objectif secondaire.

Il n’y avait pas de calcul statistique permettant de définir le nombre de patients nécessaires : trois analyses étaient prévues, la première après qu’aient été observés 250 événnements pour la survie sans progression. Ce sont les résultats qui sont présentés ici. 

En 2 ans et demi 319 patients ont été randomisés et 160 ont été traités par afatinib et 159 par gefitinib. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient réparties de façon identique à l’exception d’une discrète différence concernant le sexe (67% de femmes dans le groupe gefitinib et 57% dans le groupe gefitinib). Il y avait 59% d’asiatiques dans le groupe afatinib et 55% dans le groupe afatinib.

Avec un suivi moyen de la survie sans progression  de 27,3 mois, les résultats ont été les suivants :

Efficacité

 

HR

p

Survie sans progression (PFS) pour l’afatinib   

0,73 (95% CI 0,57-0,95)

0,017

 

Afatinib

Gefitinib

p

Médiane de PFS (mois) 

11

10,9

 

PFS à 12 mois (%)

47,4

41,3

 

PFS à 18 mois (%)

27,3

15,2

 

PFS à 24 mois (%)

17,6

7,6

 

Temps jusqu’à échec du traitement (TTF) pour l’afatinib 

0,73 (95% CI 0,58–0,92

0,007

Médiane de TTF (mois)

13,7

11,5

 

Réponses (%)

70

56

0,008

Contrôle de la maladie (%)

91

97

0,24

Survie globale (mois)[1]

27,9

25

0,33

Toxicité

Diarrhées (grades1-2/grades 3-4) (%)

78/13

60/1

 

Rash et acné (grades1-2/grades 3-4) (%)

79/9

78/3

 

Toxicités de grade ≥3 (%)

57

52

 

SAE en rapport avec le traitement (n/%)

17/11

7/4

 

Cet essai est un essai de phase II « exploratoire » et ceci limite ses conclusions qui n’ont pas la force qu’aurait un essai de phase III  avec un seul objectif et un calcul du nombre de sujets nécessaires pour le démontrer. Pour démontrer dans un essai de phase III une réduction du risque de survie sans progression tel qu’il a été observé à un moment donné (par exemple à un an) il aurait fallu un nombre de malades au moins 3 fois plus grand.

Ainsi cette étude fournit des arguments pour penser que l’afatinib est plus efficace que le gefitinib comme l’autre étude que  nous avions analysée ici l’avait montré pour la comparaison erlotinib et gefitinib. Toutefois dans les 2 cas le gefitinib est moins toxique et il nous semble qu’il doive continuer à faire partie, surtout chez les sujets fragiles de la discussion bénéfice risque qu’il nous faut avoir pour les malades les plus fragiles.

 

 

[1] Données immatures

Reference

Afatinib versus gefitinib as first-line treatment of patients with EGFR mutation-positive non-small-cell lung cancer (LUX-Lung 7): a phase 2B, open-label, randomised controlled trial.

Park K, Tan EH, O'Byrne K, Zhang L, Boyer M, Mok T, Hirsh V, Yang JC, Lee KH, Lu S, Shi Y, Kim SW, Laskin J, Kim DW, Arvis CD, Kölbeck K, Laurie SA, Tsai CM, Shahidi M, Kim M, Massey D, Zazulina V, Paz-Ares L.

Lancet Oncol 2016 Apr 12. [Epub ahead of print]

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