Lung Cancer

Métastases méningées et TKI de première génération : une étude rétrospective chinoise

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2019

Thérapeutique ciblée, EGFR, Métastases cérébro-ménagées

Cette étude rétrospective monocentrique chinoise a pour but d’étudier les caractéristiques cliniques et évolutives des patients qui sont traités par inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR pour un cancer broncho-pulmonaire en première ligne ou deuxième ligne et qui présentent lors de leur évolution des métastases méningées.  

Ce diagnostic de métastases méningées était défini par des critères précis :

-      soit par la découverte de cellules malignes dans le LCR, 

-      soit par une symptomatologie clinique évocatrice confirmée par une IRM avec des critères diagnostiques précis. 

Parmi 420 patients traités par inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR en première ligne ou deuxième ligne pour un cancer bronchique non à petites cellules avancé, 29 cas de métastases méningées ont été identifiés. 

Il y avait 13 hommes et 16 femmes, 21 avec moins de 65 ans, 28/29 avaient un adénocarcinome. Une  mutation L858R était objectivée dans 21 cas (72,4 %), une délétion de l’exon 19 dans 7 cas et le statut EGFR était inconnu dans 1 cas.

La majorité des patients (93%) recevaient du gefitinib et le reste de l’icotinib. Ces traitements ont entrainé une réponse partielle dans 18 (62%) cas. Six patients (20%) avaient antérieurement des métastases cérébrales. 

L’incidence globale de ces métastases méningées était de 6,9%, et elle augmentait avec le temps : 2,4% à 1 an, 5,2% à 2 ans et 6,9% à 3 ans. 

Les patients qui avaient une mutation L858R avaient significativement davantage de probabilité d’avoir des métastases méningées que ceux qui avaient une délétion de l’exon 19. Aucun autre facteur n’était lié à la probabilité de survenue de métastases méningées.

Le temps médian d’apparition de métastases méningées était de 16,5 mois. Il n’était pas influencé par le fait d’avoir reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase en première ligne ou en deuxième ligne. 

La durée médiane de survie à partir du diagnostic de métastases méningées était de 5,2 mois. Elle était liée au PS (14,2 mois si PS≤2, vs 2,3 mois pour les patients dont le PS était >2). Elle était significativement augmentée chez les patients qui recevaient un traitement anti-cancéreux plutôt qu’un traitement symptomatique (6 mois vs 1,9, p<0,001) ou une radiothérapie panencéphalique plutôt que pas de radiothérapie (6 mois vs 3,9 mois, p=0,038).  Le fait de passer du gefitinib à l’erlotinib ne modifiait pas significativement la survie (5,2 vs 4,2 mois). 

En analyse univariée le fait de ne recevoir qu’un traitement de confort d’avoir un PS>2 étaient des facteurs défavorables alors que le fait de recevoir une radiothérapie panencéphalique était un facteur favorable. En analyse multivariée le fait de ne recevoir qu’un traitement de confort (HR=1,9) et d’avoir un PS>2 (HR=4,8) étaient les seuls facteurs de mauvais pronostic significatifs. 

La radiothérapie panencéphalique est décrite comme significativement favorable  en analyse multivariée dans le résumé de l’article mais ne l’est qu’en analyse univariée sur le tableau 4 qui résume les facteurs pronostiques. 

L’intérêt de cette étude est qu’elle permet, même si elle est rétrospective et monocentrique,  de chiffrer la fréquence des métastases méningées puisqu’elle part d’une série de patients homogène qui sont traités par inhibiteur de la tyrosine kinase. A ce titre l’information fournie sur la plus grande fréquence de patients présentant une mutation L858R parmi ces malades qui ont des métastases méningées est intéressante. 

Rappelons que ces données ne concernent que des patients traités par inhibiteur de la tyrosine kinase de première génération. Nos connaissances dans ce domaines sont dès maintenant bouleversées par l’apport des inhibiteurs de la tyrosine kinase de deuxième et surtout troisième génération : l’osimertinib notamment est maintenant disponible et son activité est très supérieure chez ces malades (cliquer ici). L’AZD 3759 semble être également un médicament très prometteur du fait de sa pénétration cérébro-méningée élevée (cliquer ici). Le lecteur intéressé par ce sujet pourra relire avec profit l’excellente revue de la littérature publiée il y a un an dans le Lancet Oncology (cliquer ici)

 

 

 

Reference

Leptomeningeal metastasis after effective first-generation EGFR TKI treatment of advanced non-small cell lung cancer.

Wu YL, Zhao Q, Deng L, Zhang Y, Zhou XJ, Li YY, Yu M, Zhou L, Zou BW, Lu Y, Liu YM.

Lung Cancer2019; 127 : 1-5.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer