Journal of Thoracic Oncology

Mortalité précoce chez les malades qui reçoivent une chimiothérapie adjuvante

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2018

Traitement péri-opératoire, Chirurgie

En dehors des essais cliniques, on dispose de peu de données sur les décès précoces liés à la chimiothérapie adjuvante. Pour étudier cette problématique, les auteurs ont travaillé à partir de la National Cancer Data Base américaine qui recueille les données d’environ 70% des patients atteints de cancer aux USA. Ils ont identifié dans cette base de données de 19 691 patients qui ont reçu une chimiothérapie après l’exérèse d’un cancer de stade  IB à IIIA entre 2004 et 2012. 

Leur âge médian était de 65 ans et en moyenne leur hospitalisation postopératoire a duré six jours. Plus de la moitié d’entre eux étaient de sexe masculin et la majorité avaient un cancer non épidermoïde (60,9%) un cancer de stade II (48,9%) et ont eu une lobectomie (82,3%). 

Le taux de mortalité cumulée à 6 mois était de 4,1% et augmentait pour chaque tranche d’âge. 

En analyse univariée, outre l’âge, les facteurs associés avec un taux de mortalité à 6 mois étaient le sexe masculin, l’histologie épidermoïde , une intervention autre qu’une lobectomie, un stade pIIIA, une augmentation du score de comorbidité, une durée de séjour > 6 jours après l’intervention, une réadmission dans les 30 jours après la chirurgie, l’absence d’assurance privée, et la résidence dans une zone à bas revenu et bas niveau d’éducation. 

En analyse multivariée, les facteurs indépendamment associés avec un taux de mortalité à 6 mois étaient l’âge élevé, le sexe masculin, une augmentation du score de comorbidité, une pneumonectomie, un stade élevé, une durée de séjour > 6 jours après l’hospitalisation et une réadmission dans les 30 jours après la chirurgie.   

Les auteurs concluent cette analyse en écrivant, comme on l’entend souvent dire,  que les décisions de traitement post-opératoire sont prises souvent en extrapolant les données issues des essais cliniques à la population générale et que ces facteurs pronostiques qu’ils décrivent devraient être pris en compte lors de la discussion d’une chimiothérapie adjuvante. 

Ceci nous semble en partie discutable pour deux raisons :

1)   Les patients inclus dans les essais de traitement péri-opératoire ne sont pas extrêmement sélectionnés puisqu’ils ont déjà été sélectionnés pour être opérés. Déjà l’âge, le PS ou les comorbidités sont pris en compte lors de la discussion de la chirurgie et un certain nombre de patients ne sont pas opérés du fait de ces critères.

2)   De plus, il nous semble que le taux de mortalité à 6 mois n’est qu’un reflet très partiel de la toxicité de la chimiothérapie. Par exemple, dans l’essai ANITA qui comparait cisplatine et vinorelbine à observation chez 840 patients opérés d’un cancer bronchique non à petites cellules de stade IB à IIIA, 36 patients sont décédés dans les 20 semaines après la randomisation. Parmi ceux-ci, il y avait plus de décès précoces chez les malades qui n’avaient pas reçu de chimiothérapie puisqu’on comptait 16 décès dans le groupe chimiothérapie et 20 dans le groupe observation. Plus encore, parmi les 16 patients décédés précocement dans le groupe chimiothérapie, seulement 7 sont décédés de décès toxiques (cliquer ici)

Il ne nous semble donc pas que les conclusions apportées par cette étude soient susceptibles de modifier nos décisions concernant la chimiothérapie adjuvante puisque ces facteurs influent certainement sur la mortalité à 6 mois, mais pas forcément sur la mortalité proprement liée à la chimiothérapie.    

 

Reference

Early Mortality in Patients Undergoing Adjuvant Chemotherapy for Non-Small Cell Lung Cancer.

Morgensztern D, Samson PS, Waqar SN, Devarakonda S, Robinson CG, Govindan R, Puri V.

J Thorac Oncol2018; 13 : 543-549.

42 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer